Double face, une vie avec la Chopard LUC XPS

De prime abord la Chopard LUC que vous allez découvrir aujourd’hui est simple, classique, épurée. Elle est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît car elle combine deux caractéristiques que l’on croise rarement ensemble : un modèle deux aiguilles et un calibre micro rotor. Autrement dit, un mouvement haut de gamme sans petite ni grande seconde. Intriguant.

J’ai eu le temps de bien apprécier cette LUC, je la porte depuis longtemps. Effectivement, la montre du jour n’est pas un exemplaire de test mais une pièce de famille. C’est d’ailleurs le cas pour la majorité des montres testées sur ce site. Elles sont portées, elles vivent. Ce qui apporte davantage d’objectivité à nos tests publiés seulement au terme d’une longue période d’observation. Nous pouvons ainsi proposer des revues plus complètes, plus riches et plus indépendantes.

Ici, cette Chopard est portée depuis une paire d’années. Deux ans sur un poignet, c’est suffisant pour faire le point.

La Chopard LUC XPS micro-rotor

À peine plus épaisse qu’une pièce de deux euros, elle ne se contente pas d’être belle. Son mouvement est excellent. C’est d’ailleurs ce calibre particulier qui m’a attiré en premier lieu, j’ai trouvé le contraste entre la complexité du micro rotor et la simplicité du modèle deux aiguilles peu commun. Les micro rotor sont d’ailleurs la spécialité de la marque.

À sa naissance, la maison Chopard était une horlogerie, ce n’est que plus tard que le département joaillerie fut créé. 164 ans d’expérience dans ces deux domaines ont permis à cette marque renommée de proposer des créations esthétiquement irréprochables. Il fallait bien ce degré de compétences pour conjuguer beauté, luxe et simplicité. C’est là tout l’esprit de cette LUC dont la pureté dissimule de véritables qualités horlogères.

Un cadran bleu tout en nuances

Son cadran bleu profond au polissage subtil, ses deux aiguilles art déco et ses index dorés lui confèrent une élégance sans ostentation. C’est un garde-temps polyvalent qui se porte au quotidien comme à une soirée distinguée, avec un t-shirt blanc ou un complet sombre.

Les chiffres sont apposés dans une typographie contemporaine dont la proportion légèrement sur proportionnée souligne la modernité. Le mariage du bleu et du doré est comme toujours réussi, difficile d’ailleurs de rater ce genre de duo. Les index et le cadran sont dénués de chemin de fer afin d’alléger le design et le diamètre de 40 mm permet un dégagement assez conséquent pour offrir une parfaite lisibilité, même en condition obscure.

Enfin, il faut parler de ce bleu. Intense et soutenu, royal mais naturel, qui joue ici le premier rôle. C’est un bleu moyen mais assez profond, traversé par de subtiles lignes de polissage unidirectionnelles qui semblent fuser. Tout ceci donne un résultat somptueux et dynamique.

Le travail esthétique sur ce cadran est bigrement efficace et la glace saphir plate permet, nous l’avons vu, d’apprécier les lignes verticales fines du polissage qui courent à travers la lunette. Cette dernière est juste assez épaisse pour que l’on puisse apprécier les 40 millimètres du boitier à leur juste valeur. Il arrive effectivement qu’une lunette trop fine ou trop large fausse la perception qu’on a d’un boitier. Trop large, la montre paraitra plus petite et trop fine elle aura l’air d’être plus grande.

Les aiguilles sont d’inspiration art déco ( entre le style dauphine et le glaive inversé ). Elles m’évoquent la silhouette d’un gratte ciel new yorkais des années folles mais cela reste très personnel. Enfin, les index sont très classiques, on remarquera cependant qu’ils respectent la dimension des chiffres, ce qui influe sur le design.

En résumé, cette LUC est la démonstration ultime que l’on peut faire beaucoup avec peu. C’est simple mais somptueux, discret mais élégant.

Le boîtier

L’acier utilisé par la maison Chopard répond au doux nom de Lucent Steel. Littéralement acier clair. C’est un nom à la consonnance marketing évidente et je doute que le 316 L de cette LUC brille davantage que celui de Cartier. De l’acier, c’est de l’acier. Celui ci est en revanche recyclé par la marque qui ne se prive pas de communiquer sur cette caractéristique. C’est la mode..

Le boîtier est entièrement poli à l’exception des flancs brossés horizontalement, ce qui souligne encore la finesse de la montre. Les cornes sont très classiques et l’espace entre elles est de 20 mm. Pas de système à changement rapide ici mais franchement il serait criminel d’ôter ce bracelet qui complète le cadran dans un camaïeu aussi beau que classique.

Le fond de boîte est serti de l’inévitable glace saphir qui offre une vue dégagée sur le mouvement si bien décoré.

Double identité

Tout comme le calibre manufacture micro rotor détonne avec la version deux aiguilles, l’esprit  » Denim  » du bracelet cache lui aussi bien son jeu. Il s’agit en effet d’un cuir de crocodile recouvert d’un tissu technique. C’est une très belle réalisation artisanale qu’un maroquinier serait fier de présenter à son catalogue. Les coutures ton sur ton sont quasiment invisibles ce qui renforce l’illusion d’un bracelet en tissu plein. On ne croirait pas qu’une peau se cache sous ce tissu. Le bleu nuit et le blanc tacheté alternent et donnent l’impression visuelle de texture que confirme la sensation au toucher.

Cette jolie pièce est montée d’origine mais Chopard fournit un bracelet de courtoisie en alligator marron, plus classique.

La boucle ardillon signée est de belle facture et finit bien l’ensemble.

Tissu technique sur crocodile

Le calibre LUC 9653 L à double barillet

L’atout majeur des mouvements à micro rotor, c’est la finesse. La petite taille de leur masse oscillante permet de s’affranchir de l’épaisseur habituellement utilisée par un composant qui représente jusqu’à 30 % de la surface totale du calibre. Cette dimension modeste offre la possibilité de l’inclure « dans » le mouvement plutôt qu’au dessus.

Calibre L.U.C 96.53-L, double barillet coaxial, 60 h, 3.30 mm , boitier 7.20 mm, développé en interne.

Les autres caractéristiques du 9653 sont intéressantes. Son double barillet lui permet d’atteindre les 60 h théoriques de réserve de marche sans que le calibre dépasse les 3.30 mm d’épaisseur. Les deux barillets sont coaxiaux, ce qui contribue au gain de place ( leurs spires intérieures sont toutes deux attachées au même axe, d’où le terme employé ).

Les mouvements Chopard sont dits  » manufacture ». Ce terme est hélas souvent galvaudé dans l’industrie horlogère. Certaines marques se contentent de retravailler un mouvement et affiche la mention « calibre manufacturé ». Alors qu’ici il s’agit bien d’un mouvement développé en interne par Chopard. Je n’entrerai pas dans le débat de la définition de ce terme mais le fondateur de la marque s’est engagé à développer entièrement ses calibres, il y a déjà bien des années :

Entièrement conçu, réalisé et assemblé dans les ateliers haute horlogerie de Chopard et certifié chronomètre par le COSC, le mouvement mécanique à remontage automatique L.U.C 96.53-L est basé sur le premier calibre développé par Chopard Manufacture en 1996. Il bat à une fréquence de 28’800 alternances par heure (4 Hz) et dispose d’une réserve de marche de 65 heures grâce à la technologie Chopard Twin, système inventé par la Maison et associant deux barillets coaxiaux. Ce dispositif représente une prouesse technique remarquable compte tenu de l’extrême finesse du mouvement qui ne mesure que 3,3 mm d’épaisseur.

Un modèle d’une grande finesse

7,20 mm pour une montre à remontage automatique, c’est une belle performance. Cette finesse apporte de l’élégance et de la discrétion. La montre glisse facilement sous la manche et se laisse gentiment apercevoir, dévoilant son cadran bleu profond. Le réglage de l’isochronie est effectué sur cinq positions. Ce qui signifie comme son nom l’indique que l’horloger à réglé la montre à plat, à 90 degré etc… La précision s’en trouve ainsi améliorée.

21 rubis protègent le calibre des frottements et de l’usure et allongent la durée de vie du garde temps. La garantie de deux ans extensible s’apprécie néanmoins. La LUC est une montre pour la vie, c’est le minimum syndical dans cette gamme de prix.

Pour finir, il faut parler de la décoration du 9653. Finement sculpté, on pourrait croire que ce mouvement est manuel tant l’absence de l’habituelle masse oscillante trouble la perception. Mais on découvre vite le minuscule rotor, lui aussi richement paré de motifs soleillés.

Verdict

Si l’on apprécie les montres habillées suffisamment discrètes pour être portées au quotidien, sans avoir à se soucier du style vestimentaire, on ne peut qu’aimer cette LUC. Elle s’adaptera aux circonstances, on la remarquera sans qu’elle suscite trop de convoitise et les amateurs de belle horlogerie n’y trouveront rien à redire. Dans sa version bleue, car elle existe en blanc, elle saura vous plaire de longues années durant et son style contemporain lui garantira un beau voyage générationnel.

À ce propos, s’il faut noter que la partie horlogère est exempte de toute panne, retard ou autre disfonctionnement, le bracelet commence à souffrir. Le tissu technique apposé sur la peausserie se détache peu à peu. Dommage pour une montre à ce tarif.

Vous aurez compris que cette LUC est la montre de la dualité. Micro rotor, modèle deux aiguilles, tissu technique qui est en fait basé sur une peau de croco et double barillet. Même l’apparente simplicité du design dissimule une recherche intense et un véritable travail sur les proportions et dimensions.

Cette montre est magnifique.

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