La patine, c’est la signature du temps. Et le temps est parfois un artiste talentueux. Au fil des ans, il apose doucement son empreinte sur les cadrans et les bracelets. C’est ainsi que naissent des pièces uniques. Il existe tellement de patines différentes qu’elles ont été déclinées en familles. Car chaque cadran évolue selon les matériaux de sa composition mais aussi de son exposition aux éléments, au long de sa vie.
Certaines patines sont si extraordinaires qu’elles augmentent la valeur des garde temps qu’elles ornent. Il faut dire que plusieurs dizaines d’années sont nécessaires pour dessiner les formes que nous allons découvrir ici. Pourtant, tout le monde n’apprécie pas les montres au fini ancien, certains pensent même que la patine retire toute valeur aux cadrans. Il n’est cependant pas impossible que la vérité se situe entre les deux, notamment dans le cas des cadrans laqués.
Du noir vers le chocolat, la patine tropicale
Que devient un cadran noir exposé aux rayons du soleil pendant des années ? Ils se transforme en un marron laiteux, presque pastel, qu’on aurait bien du mal à reproduire. Cette Omega fut noire, elle porte aujourd’hui une teinte que vous ne trouverez pas au catalogue.


La patine Bambi
Si on l’a nommée ainsi c’est qu’elle évoque la robe tachetée des biches. Le hasard a fait que la ressemblance est frappante, la densité et la taille des tâches sont proches de celles du motif naturel des cervidés.

Le cadran spider ou araignée, valeur ajoutée ou retirée ?
Typiques, les fractures de ces cadrans laqués sont généralement linéaires. Elles s’entrecroisent au hasard et dessinent une structure qui fait souvent penser aux toiles d’araignées. Soit sur la totalité du cadran, soit sur une partie seulement. Tout le mode ne pense pas que cette patine vaut la peine de s’y intéresser. Il s’agirait selon certains d’un défaut de la laque qui ruine la montre.
Saviez-vous qu’un billet américain de 20 dollars a été vendu une fortune car il avait un défaut étrange : il donnait l’illusion que le président Jackson avait une cigarette dans la main.
Le cas des cadrans spider est similaire. Qu’il s’agisse d’un défaut ou non, c’est la singularité qui apporte la valeur. Et le côté esthétique des cadrans araignée est indéniable :


La patine sombre
Probablement liée à un défaut d’étanchéité et à l’accumulation de saletés, elle se voit surtout sur les cadrans clairs. Elle peut prendre toutes les formes et parfois elle est si homogène qu’elle paraît naturelle. Les auréoles sombres contrastent avec les index clairs qui deviennent alors plus présents.

La patine du métal
L’argent , l’acier et surtout le bronze ont également leurs façons de vieillir :
- L’acier inox est conçu pour ne pas subir les outrages du temps, il ne s’oxide pas. Mais il se raye et finit par accumuler les marques. Idem pour les bracelets qui peuvent s’orner de traces de chocs. Le résultat est noble pour certains, inadmissible pour d’autres. Dans tous les cas il témoigne de la vie de la montre.
- L’argent massif s’oxyde lui aussi, les possesseurs de la Tudor BB58 fabriquée dans ce métal ne diront pas le contraire. La monochromie a ses fans.
- L’or n’est pas sujet à l’oxydation. C’est d’autant plus vrai s’il est pur.
- Le bronze est le métal le plus sensible. Quelques mois suffisent pour qu’il se matifie ou se recouvre d’une couche de vert de gris. La sudation du poignet accélère le processus. Mais ce dernier est réversible, soit en effaçant complètement la patine, soit en la nettoyant. Christopher Ward a gentiment posté une vidéo expliquant ces deux procédés :

Unauthorized dealer, vieillissement accélèré
C’est avec un certain talent que cette marque indépendante a produit une plongeuse qui semble avoir été portée depuis des années. À la façon des jeans « used », les modèles Unauthorized dealer sont vieillis par des procédés spécifiques, dans l’ensemble assez réussis. L’acier est recouvert de bruit, la lunette est subtilement décolorée et in aperçoit en filigrane de fausses rayures. L’idée est belle.

Les patines typiques et atypiques
La belle usure se manifeste sous un nombre infini de formes et de variantes. Sur l’image ci dessous, elle est apparue en crevassant le cadran et en le tâchant de multiples points clairs. On dirait du marbre, c’est d’ailleurs ainsi qu’a été surnommée cette patine. C’est très beau.

Ici, ce sont les parties entre les lignes de ce cadran de type lin qui se sont assombries. Ce qui crée un beau contraste lineaire entre le clair et le sombre :




La patine augmente-t-elle la valeur d’une montre ?
Globalement, oui. Ce n’est cependant pas systématique. Si on ajoute le facteur selon lequel une montre vintage vaut ce que quelqu’un est prêt à payer pour l’obtenir, cela devient encore plus compliqué. Mais il est indéniable qu’une patine homogène, particulière ou unique ne peut qu’augmenter le prix de vente pour la simple raison qu’il faut des années et des années pour donner un aspect patiné à une pièce. Et que tout ce qui rend une pièce unique plait aux amateurs, le succès des éditions limitées le prouve.
Ce qui est ancien est noble. C’est probablement lié au fait qu’un objet qui traverse les générations possède forcément des qualités particulières.