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Étiquette : horlogerie

  • Mon premier achat vintage

    Mon premier achat vintage

    J’ai remarqué que bien des amateurs de montres en viennent à s’intéresser aux montres d’antan. C’est d’ailleurs un peu vrai pour tout ce qui a trait à l’artisanat. Tendance et nostalgie sont le Nord et le Sud dans le monde du bel ouvrage. La première s’inspirant de la seconde, c’est assez logique. Il en va de même chez les passionnés : les amateurs de belles montres contemporaines suivent souvent le même chemin et remontent le temps.

    Pourquoi le choix du vintage ?

    Rolex, Omega, Piaget… toutes les grandes maisons ont hérité de centaines d’années d’expérience horlogère. Les calibres manufacture en sont la preuve ultime. Une marque moderne n’aurait aucun intérêt à réinventer la roue et ferait une grave erreur en proposant un mouvement créé à 100% en interne. Il faudrait un temps fou, des sommes colossales et le bénéfice serait nul. En un mot, on ne réinvente pas la roue. Il y a cependant eu de gros progrès technologiques depuis lors, notamment au niveau des matières employées.

    L’attrait du vintage réside précisément dans l’appréciation de l’histoire des grandes maisons à laquelle on accède via l’acquisition d’un modèle iconique, voire historique. Tout ça pour dire que peu importe l’époque, dans les grandes maisons l’excellence est présente dès les modèles originels. Les montres contemporaines sont magnifiques et sont l’évolution naturelle des modèles d’antan, mâtinés de progrès technologiques et de variations esthétiques. Pourtant, le neo vintage comme on l’appelle pompeusement ressemble fort à un aveu d’impuissance créative tant les codes d’antan étaient justes. Rassurez-vous, certains garde temps modernes sont sublimes. Mais ils gardent précieusement en eux l’héritage du passé.

    L’autre facteur qui porte le choix des mostrophiles vers les modèles historiques, c’est l’esthétique particulière, caractéristique et originale des montres des années 20, 50, 60 et 70. Les tarifs abordables sont un autre argument, même si on trouve des montres de cinquante ans hors de prix.

    Une offre pléthorique

    Si vous envisagez de vous lancer dans l’aventure, vous devrez être armé de solides connaissances afin d’éviter de payer trop cher. Ou d’espérer dénicher la perle dont le vendeur ignore tout. Avant tout, il faut choisir votre camp. Préférez-vous les montres restaurées à l’origine ou celles qui expriment leur vécu, leur histoire ?

    Cadran restauré ( suppression du label SWISS MADE, reprise du logo )

    L’état presque parfait : NOS

    Si vous vous demandez à partir de quand on considère qu’une montre est vintage, sachez qu’elle doit être âgée d’au minimum 20 à 25 ans d’âge pour recevoir cette noble mention. Ce qui nous amène au début du 20e siècle. Voici justement une Omega De Ville tonneau des années 90 acquise par la rédaction, un exemple parfait pour illustrer les plus jeunes vintages.

    Il s’agit d’une pièce en excellent état, jamais portée. On peut la qualifier d’état de NOS puisqu’elle n’a quitté les vitrines d’Omega que pour atterrir dans un tiroir et ne plus jamais en sortir. ( NOS : New old stock ).

    Méfiance cependant si vous achetez une NOS directement sans qu’elle soit passée par la case révision. Surtout pour les plus anciennes dont les huiles sont naturelles et ont tendance à sécher. Ne jamais la porter directement, toujours la confier à un horloger. Sinon c’est la panne assurée. Cela n’a pas raté avec ce modèle qui dérive de trente secondes / jour et dont la date passe à 5h au lieu de minuit.

    Un autre exemple, j’ai croisé une IWC NOS. Arborant toujours l’étiquette d’époque, jamais portée. Le temps et probablement les UV ont offert à son cadran une couleur verte très pâle, subtile mais magnifique. Ce modèle relativement simple a vu sa côte grimper grâce à cette particularité. Hélas, je n’ai pas d’image de cette pépite croisée à l’Atelier du Temps. Mais vous l’aurez compris : certaines particularités que seule une très longue période de temps peut causer suffisent à augmenter la valeur nominale d’une montre vintage. C’est le prix du temps.

    On retrouve ce phénomène avec les voitures custom de type rat-road ( voiture rat, dirions nous ), remontées avec des plaques de tôles qui ont passé 50 ans à rouiller. inimitable. Et fort cher.

    Ou la noblesse du vécu

    Une large portion d’amateurs de vintage cherche l’authenticité, l’aspect du vécu, une histoire autant qu’un objet. Le moindre polissage, la plus petite intervention est à leurs yeux un crime. Un montre militaire portée par un soldat, anoblie par l’usure, est pour eux un doux rêve. La patine est à ces passionnés ce qu’un certificat d’authenticité est au collectionneur de tableaux de maître.

    Crédit : Xupes

    Vous serez peut être choqué d’apprendre que restaurer une montre usée peut drastiquement faire baisser sa valeur. Je pense à l’exemple frappant d’un lecteur qui a découvert dans les affaires de son grand père une Blancpain Fifty Fathom originale dont le verre était rayé, le boîtier abîmé et le cadran délavé. En l’état cette pièce vaut entre 10 et 15000 euros alors que la moindre intervention, en dehors bien sûr des éventuelles réparations du mécanisme, aurait anéanti la valeur et surtout l’intérêt de cette montre originale. Un bon horloger saura réparer une montre au vécu marqué mais en sublimant la patine plutôt qu’en la remettant à neuf.

    Un univers d’amateurs avertis

    Comme je l’explique également dans l’article : Ma première montre de luxe ( lien ci dessous* ), il vaut mieux être armé d’un minimum de connaissances sur l’univers du vintage avant d’envisager un achat. Car on peut trouver le même modèle du simple au triple de sa véritable valeur financière, si tant est que quiconque la connaisse .

    Il n’y pas de côtes officielles à ma connaissance, il faut donc estimer soi même si une montre est trop chère. Pour ce faire, il faut se fier à certains facteurs déterminants :

    • La matière. Bien sûr l’or est plus cher que le métal. C’est parfaitement normal. L’écart est cependant moins important avec les montres vintages que celui qu’on trouve entre deux modèles contemporaine or ou acier identiques.
      • Les modèles plein or sont courants dans l’univers du vintage mais bien moins que les plaqué or ou ceux en acier. Il faut toujours observer le dos de la montre, s’il est en acier, la montre est plaqué or. S’il est en or, le dos le sera aussi et un poinçon sera présent.
    • La marque. Évidemment, les grandes maisons sont moins accessibles que les marques plus modestes mais une montre recherchée, même si le fabricant n’existe plus, peut être plus chère. L’exemple des Universal Genève et notamment de la Polerouter illustre bien ce propos.
      • Le retour en grâce. Breitling vient d’ailleurs de racheter / relancer Universal Genève disparue il y a 35 ans. Et ce n’est pas la seule marque qui renaît de ses cendres. Cuervo Y Sobrhrinos, Eska, Vulcain… Tous ces comebacks ont eu une influence sur les prix des modèles antérieurs à leurs disparitions.
    • L’etat esthétique. Voici encore un facteur piégeux puisque certains préfèrent leurs montres anciennes dans leur jus de trouvaille. Alors que d’autres recherchent la perfection. Mais si la montre ne fonctionne pas, le prix baisse.
    • Le mouvement. Imaginons un modèle vintage disponible avec deux mouvements. L’un étant assez répandu et l’autre étant un Zénith 135 ou un IWC 83. Le prix du second modèle exploserait littéralement. Ce sont effectivement deux calibres vintage de légende. Mais cela ne nuit pas à l’explication. Ce principe reste vrai aujourd’hui encore.
    • La rareté. Ou plutôt la demande. Il ne faut pas surestimer l’influence de la rareté sur la valeur d’une montre. Ou même sur celle d’une antiquité ou d’un bijou ancien. C’est la demande qui prime. Souvent les deux vont de pair, je vous l’accorde. Mais je possède une montre lingot des années 30 qui n’existe plus qu’en 30 exemplaires. Elle ne vaut que ce qu’un acheteur est prêt à m’en donner, car personne ne la recherche spécifiquement.

    Vous l’aurez compris, pas facile de savoir si une vintage est vendue à bon prix. sachez que généralement les vendeurs professionnels vendent un peu trop chers et que les particuliers sont plus proches d’un tarif réaliste, bien qu’ils ne vendent parfois pas assez cher. En revanche il ne faut pas acheter de vintages sur les plateformes comme Chrono24 sur lesquelles on croise des prix ahurissants. Le mieux est de poser la question à la communauté ou de faire des recherches.

    Le premier achat

    Deux solutions sécures s’offrent à vous, les magasins ou les sites spécialisés en ligne ou les groupes facebook dédiés. Ces derniers ne proposent pas forcément d’acheter mais je vous invite vivement à les consulter avant de vous décider. Le groupe Chineurs de montres m’a personnellement permis de parfaire ma culture vintage, de poser des questions et de rencontrer des passionnés qui m’aident à ne pas dire pas de bêtises.

    Les premiers prix démarrent dès 100, 150 euros pour une LIP par exemple. Certaines Omega se trouvent facilement autour de 400 à 600 euros. Beaucoup de modèles plus luxueux valent de 1000 à 2000 euros. J’ai découvert ce site, sérieux et éprouvé par mes soins : DuMarko. Que du beau.

    Vous êtes désormais armé pour entamer vos recherches et dénicher votre première pépite.

    340 euros pour du pur vintage russe

    A lire en complément

  • Ma montre m’habille

    Ma montre m’habille

    La montre est le bijou de l’homme. Souvent le seul qu’il porte d’ailleurs. C’est tout aussi vrai pour ces dames mais en matière d’accessoires elles ont davantage de possibilités. Et s’il est vrai que la montre habille l’homme, l’homme peut aussi habiller la montre. Ce n’est pas difficile et nous ne prétendons pas le faire mieux que les autres, il est plutôt question ici de faire le tour des ensembles les plus marquants.

    Car au fil du temps certains looks se sont démarqués et sont devenus des classiques, en quelque sorte. Cet article n’a pour simple but que de les reproduire, afin de vous inspirer. Et si besoin, d’apprendre à éviter les fautes de goûts ( Rolex et survêtement par exemple ).

    À noter que plusieurs des montres sont pourvues de bracelets confectionnés sur mesure et parfois même en partie fabriqués par votre serviteur. Dans tous les cas les designs sont personnalisés. Voici quelques belles combinaisons.

    La plongeuse chic et le blouson en cuir

    Incarnation de la polyvalence, la Tudor Black bay se porte avec tout. Mais c’est le casual chic qui correspond le mieux à cette plongeuse des grands soirs. Une Black Bay, 41 mm par exemple, s’assortit très bien avec un blouson en cuir de type motard à col rond. La cerise sur le gâteau : une BB rouge et un cuir noir ou une noire et une peau couleur cognac. Indiscutable.

    Ici la dernière BB54 37 mm
    Sa grande sœur, la 41 mm
    Ca fonctionne également avec un beau chrono, ici une Breitling

    Le cadran bleu et la chemise à bandes bleues

    En matière de rappel chromatique, subtilité rime avec efficacité. L’idéal étant de marier les couleurs du cadran avec celles des bandes ou des rayures. Mais si vous pouvez assortir le grain du bracelet avec la matière de la chemise, c’est une touche d’élégance supplémentaire. Ici, une chemise en lin / elasthane et un tissu technique sur crocodile, agrémentés d’un cadran bleu profond. Remarquable.

    Une Flagship Longines sur tissu technique Avel and Men, en voile de bateau recyclée
    Ici, une Chopard LUX XPS en tissu technique sur alligator et une chemise Majestic Filature en lin elasthane

    Le pull rose et la montre pistache

    Tag Heuer Carrera verte, bracelet argent,  sur pull rose

    Que voilà une belle combinaison, un beau duo de couleur même. Choisissez une rose léger et un vert intense, ou l’inverse. Ma préférence va pour le haut rose et la montre verte mais cette paire fonctionne dans les deux sens. Un cadran rose et un pull vert par exemple. Des index dorés sont ici de très bon goût également. Inimitable.

    Noir mais blanc

    Si vous êtes l’heureux propriétaire d’une montre fantôme et d’un beau complet noir, n’hésitez pas à les coupler. Mais pour souligner l’un comme l’autre, une chemise claire viendra césurer l’ensemble de la plus belle des manières. Imparable.

    Le style vintage

    Une veste en daim néo vintage, style années 70 et une Zenith à peu près de la même époque, ça ne peut que fonctionner. Si le boitier est de forme, l’effet s’en trouve renforcé. Atemporel.

    La montre nue et les bracelets

    Je ne me permettrai pas de juger mais je croise souvent de beaux garde temps affublés de breloques ou de gourmettes en grand nombre. On peut vite tomber dans l’excès et j’ai personnellement l’impression que l’ensemble se dévalorise mutuellement. J’ai pourtant succombé à la tentation en essayant cependant de rester sobre. J’ai choisi une montre et un bracelet qui vont bien ensemble grâce à leurs designs baroques et leur matériau commun. Est-ce aussi beau que la montre ou le bracelet seuls ? Question de goût.

    Cuervo Historiador et bracelet Rochet

    Le style baroudeur

    Un chrono vintage, une parka, un vieux jean… Et une belle montre. Plongeuse, chrono ou bien militaire, le look est immédiatement cohérent.

    Le style driver

    Encore une fois, ces idées ne sont présentées qu’à titre indicatif. Un article plus poussé sur la personnalisation des montres est disponible ici.

    GALERIE

  • Double face, une vie avec la Chopard LUC XPS

    Double face, une vie avec la Chopard LUC XPS

    De prime abord la Chopard LUC que vous allez découvrir aujourd’hui est simple, classique, épurée. Elle est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît car elle combine deux caractéristiques que l’on croise rarement ensemble : un modèle deux aiguilles et un calibre micro rotor. Autrement dit, un mouvement haut de gamme sans petite ni grande seconde. Intriguant.

    J’ai eu le temps de bien apprécier cette LUC, je la porte depuis longtemps. Effectivement, la montre du jour n’est pas un exemplaire de test mais une pièce de famille. C’est d’ailleurs le cas pour la majorité des montres testées sur ce site. Elles sont portées et elles vivent. Ce qui apporte davantage d’objectivité à nos tests publiés seulement au terme d’une longue période d’observation. Nous pouvons ainsi proposer des revues plus complètes, plus riches et plus indépendantes.

    Cette Chopard est portée depuis une paire d’années. Deux ans sur un poignet, c’est suffisant pour faire le point.

    La Chopard LUC XPS micro-rotor

    À peine plus épaisse qu’une pièce de deux euros, elle ne se contente pas d’être belle. Son mouvement est excellent. C’est d’ailleurs ce calibre particulier qui m’a attiré en premier lieu, j’ai trouvé le contraste entre la complexité du micro rotor et la simplicité du modèle deux aiguilles peu communne. Les micro rotor sont d’ailleurs la spécialité de la marque.

    À sa naissance, la maison Chopard était une horlogerie, ce n’est que plus tard que le département joaillerie fut créé. 164 ans d’expérience dans ces deux domaines ont permis à cette marque renommée de proposer des créations esthétiquement irréprochables. Il fallait bien ce degré de compétence pour conjuguer beauté, luxe et simplicité. C’est là tout l’esprit de cette LUC dont la pureté dissimule de véritables qualités horlogères.

    Un cadran bleu tout en nuances

    Son cadran bleu profond au polissage subtil, ses deux aiguilles art déco et ses index dorés lui confèrent une élégance sans ostentation. C’est un garde-temps polyvalent qui se porte au quotidien comme à une soirée distinguée, avec un t-shirt blanc ou un complet sombre.

    Les chiffres sont apposés dans une typographie contemporaine dont la proportion légèrement surproportionnée souligne la modernité. Le mariage du bleu et du doré est comme toujours réussi, difficile d’ailleurs de rater ce genre de duo. Les index et le cadran sont dénués de chemin de fer afin d’alléger le design et le diamètre de 40 mm permet un dégagement assez conséquent pour offrir une parfaite lisibilité, même en condition obscure.

    Enfin, il faut parler de ce bleu. Intense et soutenu, royal mais naturel, qui joue ici le premier rôle. C’est un bleu moyen mais assez profond, traversé par de subtiles lignes de polissage unidirectionnelles qui convergent vers Le centre. Le résultat est somptueux et dynamique.

    Le travail esthétique sur ce cadran est bigrement efficace et la glace saphir plate permet, nous l’avons vu, d’apprécier les lignes verticales fines du polissage qui courent à travers la lunette. Cette dernière est juste assez épaisse pour que l’on puisse apprécier les 40 millimètres du boitier à leur juste valeur. Il arrive effectivement qu’une lunette trop fine ou trop large fausse la perception qu’on a d’un boitier. Trop large, la montre paraitra plus petite et trop fine elle aura l’air d’être plus grande.

    Les aiguilles sont d’inspiration art déco ( entre le style dauphine et le glaive inversé ). Elles m’évoquent la silhouette d’un gratte ciel new yorkais des années folles mais cela reste très personnel. Enfin, les index sont très classiques, on remarquera cependant qu’ils respectent la dimension des chiffres, ce qui influe sur le design.

    En résumé, cette LUC est la démonstration ultime que l’on peut faire beaucoup avec peu. C’est simple mais somptueux, discret mais élégant.

    Le boîtier

    L’acier utilisé par la maison Chopard répond au doux nom de Lucent Steel. Littéralement acier clair. C’est un nom à la consonnance marketing évidente et je doute que le 316 L de cette LUC brille davantage que celui de Cartier. De l’acier, c’est de l’acier. Celui ci est en revanche recyclé par la marque qui ne se prive pas de communiquer sur cette caractéristique. C’est la mode..

    Le boîtier est entièrement poli à l’exception des flancs brossés horizontalement, ce qui souligne encore la finesse de la montre. Les cornes sont très classiques et l’espace entre elles est de 20 mm. Pas de système à changement rapide ici mais franchement il serait criminel d’ôter ce bracelet qui complète le cadran dans un camaïeu aussi beau que classique.

    Le fond de boîte est serti de l’inévitable glace saphir qui offre une vue dégagée sur le mouvement si bien décoré.

    Double identité

    Tout comme le calibre manufacture micro rotor détonne avec la version deux aiguilles, l’esprit  » Denim  » du bracelet cache lui aussi bien son jeu. Il s’agit en effet d’un cuir de crocodile recouvert d’un tissu technique. C’est une très belle réalisation artisanale qu’un maroquinier serait fier de présenter à son catalogue. Les coutures ton sur ton sont quasiment invisibles ce qui renforce l’illusion d’un bracelet en tissu plein. On ne croirait pas qu’une peau se cache sous ce tissu. Le bleu nuit et le blanc tacheté alternent et donnent l’impression visuelle de texture que confirme la sensation au toucher.

    Cette jolie pièce est montée d’origine mais Chopard fournit un bracelet de courtoisie en alligator marron, plus classique.

    La boucle ardillon signée est de belle facture et finit bien l’ensemble.

    Tissu technique sur crocodile

    Le calibre LUC 9653 L à double barillet

    L’atout majeur des mouvements à micro rotor, c’est la finesse. La petite taille de leur masse oscillante permet de s’affranchir de l’épaisseur habituellement utilisée par un composant qui représente jusqu’à 30 % de la surface totale du calibre. Cette dimension modeste offre la possibilité de l’inclure « dans » le mouvement plutôt qu’au dessus.

    Calibre L.U.C 96.53-L, double barillet coaxial, 60 h, 3.30 mm , boitier 7.20 mm, développé en interne.

    Les autres caractéristiques du 9653 sont intéressantes. Son double barillet lui permet d’atteindre les 60 h théoriques de réserve de marche sans que le calibre dépasse les 3.30 mm d’épaisseur. Les deux barillets sont coaxiaux, ce qui contribue au gain de place ( leurs spires intérieures sont toutes deux attachées au même axe, d’où le terme employé ).

    Les mouvements Chopard sont dits  » manufacture ». Ce terme est hélas souvent galvaudé dans l’industrie horlogère. Certaines marques se contentent de retravailler un mouvement et affiche la mention « calibre manufacturé ». Alors qu’ici il s’agit bien d’un mouvement développé en interne par Chopard. Je n’entrerai pas dans le débat de la définition de ce terme mais le fondateur de la marque s’est engagé à développer entièrement ses calibres, il y a déjà bien des années :

    Entièrement conçu, réalisé et assemblé dans les ateliers haute horlogerie de Chopard et certifié chronomètre par le COSC, le mouvement mécanique à remontage automatique L.U.C 96.53-L est basé sur le premier calibre développé par Chopard Manufacture en 1996. Il bat à une fréquence de 28’800 alternances par heure (4 Hz) et dispose d’une réserve de marche de 65 heures grâce à la technologie Chopard Twin, système inventé par la Maison et associant deux barillets coaxiaux. Ce dispositif représente une prouesse technique remarquable compte tenu de l’extrême finesse du mouvement qui ne mesure que 3,3 mm d’épaisseur.

    Un modèle d’une grande finesse

    7,20 mm pour une montre à remontage automatique, c’est une belle performance. Cette finesse apporte de l’élégance et de la discrétion. La montre glisse facilement sous la manche et se laisse gentiment apercevoir, dévoilant son cadran bleu profond. Le réglage de l’isochronie est effectué sur cinq positions. Ce qui signifie comme son nom l’indique que l’horloger à réglé la montre à plat, à 90 degré etc… La précision s’en trouve ainsi améliorée.

    21 rubis protègent le calibre des frottements et de l’usure et allongent la durée de vie du garde temps. La garantie de deux ans extensible s’apprécie néanmoins. La LUC est une montre pour la vie, c’est le minimum syndical dans cette gamme de prix.

    Pour finir, il faut parler de la décoration du 9653. Finement sculpté, on pourrait croire que ce mouvement est manuel tant l’absence de l’habituelle masse oscillante trouble la perception. Mais on découvre vite le minuscule rotor, lui aussi richement paré de motifs soleillés.

    Source Watchbase caliber

    Verdict

    Si l’on apprécie les montres habillées suffisamment discrètes pour être portées au quotidien, sans avoir à se soucier du style vestimentaire, on ne peut qu’aimer cette LUC. Elle s’adaptera aux circonstances, on la remarquera sans qu’elle suscite trop de convoitise et les amateurs de belle horlogerie n’y trouveront rien à redire. Dans sa version bleue, car elle existe en blanc, elle saura vous plaire de longues années durant et son style contemporain lui garantira un beau voyage générationnel.

    À ce propos, s’il faut noter que la partie horlogère est exempte de toute panne, retard ou autre disfonctionnement, le bracelet commence à souffrir. Le tissu technique apposé sur la peausserie se détache peu à peu. Dommage pour une montre à ce tarif.

    Vous aurez compris que cette LUC est la montre de la dualité. Micro rotor, modèle deux aiguilles, tissu technique qui est en fait basé sur une peau de croco et double barillet. Même l’apparente simplicité du design dissimule une recherche intense et un véritable travail sur les proportions et dimensions.

    Cette montre est magnifique.

    Galerie

  • Louis Erard, test de la Metropolis The Horophile

    Louis Erard, test de la Metropolis The Horophile

    Pour cette revue qui fait partie des toutes premières du site, j’ai choisi une montre en fonction de son esthétique, de son originalité et de son charme : une Louis Erard. Si cette marque est relativement confidentielle, elle est tout de même connue et reconnue par les amateurs et bénéficie d’un réseau de distribution national à l’image de sa renommée française : modeste mais efficace.

    L’histoire de la maison

    La production des premières Louis Erard aurait débuté autour de 1930 mais j’avoue que je n’ai pas trouvé de belles vintages pour illustrer mon propos. Je sais cependant que cette marque est spécialisée dans les régulateurs et les cadrans Émail Grand Feux ( poudre de verre fondue sur base en métal avec ou sans inserts ). Elle s’est également essayée à la marqueterie ainsi qu’ aux chronographes mono poussoir et même aux cadrans asymétriques. Avec bon goût d’ailleurs. Enfin, la maison est friande des métiers d’art et des collaborations avec l’inévitable Seconde Seconde par exemple.

    Email grand feux

    La The horophile 39 mm est un exemple pertinent puisque elle a été désignée avec le site : The horophile, spécialisé dans les revues de montres de caractère. La Métropolis n’en manque justement pas.

    C’est un modèle trois aiguilles, petite seconde, plein de charme. Son cadran au guilloché circulaire évoque les disques vinyle, sa couleur tabac / cuivre, sa taille contenue et ses aiguilles dîtes tower dont on croirait qu’elles profilent un buildings new-yorkais, rappellent les ambiances feutrées des fumoirs. Le tout est furieusement art-deco et s’assume fièrement en tant que garde-temps néo vintage.

    Le cadran, l’âme de la montre

    Le thème de ce cadran, c’est le cercle. Les index sont insérés entre deux disques au centre desquels se répètent des sillons décroissants. Cette juxtaposition hypnotique dirige le regard au centre du cadran, vers les aiguilles dorées.

    La forme longiligne de ces dernières contraste avec la rondeur générale de la Metropolis mais cette discordance est bienvenue. Enfin, le cercle réservé à la petite seconde achève de décliner le cercle sous toutes les formes qu’on peut trouver sur un garde temps.

    Les index, quant à eux, sont naturellement remplacés par les chiffres dont la calligraphie ajoute une ultime note art déco.

    montage photo , reflet d’un bâtiment art deco

    Des anses courbées pour le boîtier

    Assez peu répandues, les anses courbées permettent de combler l’espace naturel entre le début du bracelet et les bords du boîtier. Cette  » figure de style  » permet d’éviter que les cercles concentriques du cadran jurent avec l’extrémité droite d’un bracelet standard. En tout cas, c’est mon opinion.

    Enfin, les angles des cornes viennent se heurter à la rondeur du boîtier dans un joli contraste :

    Anses courbées originales

    Neo deco

    De 1920 à 2020, la Metropolis est un pont entre deux époques que cent ans séparent. L’absence de logo en dehors de la couronne signée renforce, selon la maison Louis Erard, l’esprit néo déco. Personnellement, je vois un cadran épuré dont les cercles captent la lumière d’une belle façon, construit sur les bases d’un modèle assez répandu chez LE . Notre modèle Excellence est également issu de cette famille de boîtiers mais en 42 mm :

    Version sectorisée 42 mm, bracelet custom comme toujours

    Quatre couleurs

    Lors de l’acquisition de notre exemplaire seules trois couleurs étaient disponibles. Saumon, tabac et gris cendré. Le choix fut difficile. Une quatrième couleur est sortie plus tard : vert moyen. Un petit peu plus difficile à porter à mon sens.

    Création et collaboration

    Chez Louis Erard l’esprit d’indépendance n’exclut pas les talents extérieurs. La collaboration avec des designers et des métiers d’art a donné naissance à de magnifiques résultats. On trouve au catalogue un très beau cadran marqueté, un autre réalisé avec une artiste qui allie avec classe le noir et les tons pastels ( inspiré par une palette de maquillage ), des guillochés mains, des pierres fines, des gravures… Sans parler de la série asymétrique aussi impertinente qu’élégante.

    Les régulateurs

    C’est la spécialité de la maison, indéniablement. Pour rappel, un régulateur est une complication qui sépare les heures des minutes et des secondes dans deux ou trois sous cadrans ( la trotteuse peut être centrale ).

    Je trouve les régulateurs très lisibles et propices à beaucoup de créativité. Parfois combinés à un chronographe mono poussoir, ils offrent beaucoup de possibilités d’agencements sur le cadran. La version fantôme, ci dessous en haut à gauche, est fabuleuse. Mais j’ignore parfaitement comment lire l’heure ( minute au centre, heure en haut, seconde en bas ).

    Au quotidien

    Avant de conclure, j’aimerais parler du cœur de cette Louis Erard. Classique mais efficace le mouvement automatique Sellita fonctionne jusqu’à 38 heures d’affilée sans remontage. On trouve habituellement cette version SW261-1 sur des modèles manuels petite seconde comme le souligne Caliber Corner. Cette version automatique est donc peu commune.

    Le fond saphir permet d’admirer la machinerie mais j’aurais préféré un fond fermé, plus en accord avec l’esprit de la montre à mon sens. Avec la gravure d’un cigare fumant dur un cendrier par exemple.

    La lisibilité nocturne de cette LE est correcte mais sans luminova, c’est forcément moins efficace. Les aiguilles sont assez brillantes et larges pour lire l’heure dans la pénombre mais on est loin de la montre outil. Il est vrai que c’est une montre de ville et que l’ajout de matière phosphorescente aurait nui au design des aiguilles. L’intérêt qu’on porte à ce garde-temps est ailleurs de toute façon.

    Après plusieurs mois, vous apprécierez toujours votre Metropolis The Horophile. Elle a une façon inimitable de prendre la lumière grâce à ses cercles concentriques, et ce sous tous les éclairages.

    C’est un garde-temps avec une belle personnalité qui plaira aux collectionneurs comme aux amateurs de montres habillées mais polyvalentes. Nous avons changé le bracelet pour une version suédée couleur épice qui se marie très bien avec les ton tabac du cadran. À noter qu’une version spécial Dubaî vient de sortir.

    Spécificités

    • Taille du boitier : 39 mm
    • Épaisseur : environ 12 mm
    • Référence : 34248AA66.BVA151
    • Fond saphir
    • Mouvement : Selitta SW 261-1
    • Fonctions : Heures Minutes Petites secondes
    • Réserve de marche : 38h
    • Etanche : 50 m
    • Entrecorne : 20 mm

    Je vous encourage à visiter le site de la marque et vous précise qu’on trouve des Louis Erard chez Ocarat ( O’Chrono ), c’est d’ailleurs de là que vient notre Metropolis.

  • Test de la Breitling Pistachio

    Test de la Breitling Pistachio

    Une allure de chronographe d’antan, un calibre manuel version moderne et des couleurs atypiques, la Breitling Premier est au confluent des styles et des époques. Si je prends la plume et choisis ce garde temps pour cette toute première revue, ce n’est effectivement pas un hasard. Cette pièce deviendra un classique, j’en suis certain. Pourquoi ? Car elle plaît à beaucoup d’amateurs aux goûts pourtant fort différents.

    Esthétiquement, la Breitling Premier séduit aussi bien les connaisseurs férus de design contemporain que les amoureux du siècle dernier. Son diamètre contenu, sa couleur franche mais discrète, son boîtier joliment travaillé sur les flancs et son cadran bicompax parachèvent cette pièce dont le bon goût ne s’arrête pas à son esthétique d’époque. Son mouvement manufacture manuel rappelle aussi les codes des années 50 et leurs chronographes caractéristiques : deux sous-cadrans pour les petites secondes et les minutes de la fonction chrono, des chiffres arabes et des aiguilles argentées, le tout cerclé par un chemin de fer détaillé.

    D’hier à aujourd’hui

    Le boîtier mesure 40 mm, il est flanqué d’ actionneurs plats et d’une belle épaisseur de 13 mm. Ce sont les chiffres d’une proportion soigneusement étudiée que nous offre Breitling, la parenté avec les chronos vintage est encore une fois évidente. Le style de ce chrono ne nous emmène cependant pas que vers le passé, les flancs du boitier sont en effet guillochés dans un esprit contemporain. La Premier assume donc pleinement ce qu’on appelle aujourd’hui un design neo vintage. En reprenant les codes des chronos 35 mm monocompax* des fifties et en y ajoutant une touche de modernité, la marque nous rappelle qu’elle a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la chronométrie. Et que cette histoire continue.

    Breitling Geneve des années 50 35 mm

    S’il était un défi à relever, c’était bien celui d’insuffler à un chronographe moderne un style distinctif de la production historique tout en louant son esthétique intemporelle. Quand l’on se targue d’avoir participé à la démocratisation des chronos, avant même l’arrivée des montres bracelet, il faut rendre un sans faute. C’est probablement avec cet héritage en ligne de mire que Breitling a conçu la Premier .

    Fusion de deux Breitling

    Toutes proportions gardées 

    De nos jours, la dimension des montres a évolué et s’il eut été courageux de conserver la taille contenue d’antan, la Premier n’en conserve que les proportions.: De 35 mm de diamètre et 18 mm d’entre-cornes des anciens modèles, on passe ici à 40 et 20 mm, soit un rapport équivalent. Ce n’est pas un hasard.

    Une Premier des années 50, 35 mm

    À la tradition se mêle une élégance que subliment les couleurs de la gamme B09 : pistache, coquille d’œuf ou blanc. Le contraste discret les index brillants et les tons pastels de ce garde temps font qu’il se porte aussi bien habillé d’un costume qu’avec un t shirt et un beau jean. Comme à l’ère des chronographes, on ne trouvera pas de couleur trop forte ni de version panda de ce modèle, bien que le noir et le vert intense soient disponibles dans la gamme en 42 mm. Je pense que Breitling a volontairement respecté l’homogénéité des tons au profit du classicisme des cadrans. Son fini mate sans fioritures ni finition particulière me conforte dans cette idée.

    Le calibre B09

    C’est un vrai parti pris de proposer un calibre manuel car le remontage mécanique est affaire d’amateur. Tout le monde n’apprécie pas ce rituel. Mais il fallait aller au bout de la politique retro et le B09 est ce qui se fait de mieux chez Breitling. Les performances sont évidemment au rendez vous avec 70 h de réserve de marche et une dérive sous les 5 secondes / jour pour le modèle testé. On peut dire que ce mouvement ne se contente pas d’être beau, il est également très précis et laisse volontiers admirer ses atours sous un dôme de saphir aguicheur. Ce dernier vient d’ailleurs déroger au design historique puisque les fonds saphirs n’étaient pas traditionnels au vingtième siècle.

    Spécificités du B09

    • Certification COSC
    • Réserve de marche de 70 H
    • Calibre manufacture basé sur le B01
    • 28800 a/h
    • 28 rubis
    • Chrono à roues à colonnes ( dispositif dédié au fonctionnement du chronographe : mise en route, arrêt et remise à zero )
    Source Watchbase
    Le B09 dans toute sa splendeur
    Surimpression du calibre

    La Pistacchio au quotidien

    Sur Twistheure, on ne parle que de ce qu’on porte. Ma Breitling Premier est probablement la pièce que je mets le plus. J’ai pourtant toujours autant de plaisir à y porter le regard. Partenaire idéale de mon blouson en cuir , elle a reçu bien des éloges malgré sa discrétion. Remarquable mais subtile, c’est la définition même de l’élégance ou je ne m’y connais pas. Je la marie avec du rose, du marron mais pas de blanc ni de bleu foncé. Je me fie aux couleurs complémentaires et j’évite les fautes de goût ( pas de survêtement ).

    La Pistachio se porte avec plaisir et facilité. Ses 70 heures de réserve ne sont jamais un obstacle et le cérémonial de remontage fait partie de la satisfaction.

    Personnalisation

    J’aime beaucoup cette montre, j’apprécie moins son bracelet d’origine. Je suis toujours déçu par le manque d’imagination des marques et les sempiternels bracelets crocodile qu’on trouve inévitablement. Les anses courbées choisies par Breitling ne m’ont pas convaincu non plus mais c’est affaire de goût. C’est pourquoi j’ai monté un cordovan cognac légèrement vieilli, dont les tranches reprennent la couleur du cadran. Cela renforce l’aspect vintage et le rappel chromatique est subtil mais visible.

    Cordovan 3,5 mm

    Un dernier mot

    Cette Breitling entrera t-elle dans l’histoire de l’horlogerie ? Je l’ignore. Mais on la trouvera longtemps sur le marché de l’occasion et je gage que sa valeur se stabilisera, avant de plus tard augmenter. Pour le moment elle est toujours en production. Moderne, originale, classique et un brin vintage, le seul obstacle reste son prix de 8500 €. À noter que cet exemplaire valait 7800 € neuf, il y a deux ans. Breitling a cédé aux 10 % d’augmentation habituels et ce ne sera pas la dernière fois.

    Au quotidien ou à porter lors des soirées de l’ambassadeur, la Breitling Pistacchio est un garde temps pour la vie dont il est difficile de se lasser. Ni trop vintage, ni trop moderne, la Premier est sobre et classe. Sa couleur douce et chaleureuse teintée d’une légère impertinence est une ode aux temps anciens mais aussi une annonce qui semble dire : le changement est une part de la tradition.

    *Monocompax : Pour être tout à fait exact, la Premier n’est pas bicompax car ses deux sous cadrans ne sont pas dédiés à la fonction chronographe.

    GALERIE

    Bracelet original, magnifique
  • Les montres de bijoutier pour lui

    Les montres de bijoutier pour lui

    Horlogerie et bijouterie sont des domaines connexes. Mais cette symbiose n’est pas exclusive aux montres pour femmes. Les modèles iconiques masculins et unisexes proposés ci-dessous vont vous permettre d’explorer un univers horloger dans lequel la forme est parfois, et je dis bien parfois, plus importante que la fonction.

    Les marques bijoutières qui se sont essayées à l’exercice de l’horlogerie ont plus souvent fait carton plein avec leurs designs que grâce à leurs complications. Boucheron, Bvulgari et Chaumet utilisent des mouvements de manufacturiers et assurent les finitions. Alors que Chopard et Cartier ont développé leurs calibres. Les exemples ne s’arrêtent pas là mais nous ne parlerons aujourd’hui que des créations que nous avons portées et éprouvées, comme à notre habitude ( à l’exception des Hermes ).

    Cartier ou l’art du renouveau

    C’est une marque magique qui maîtrise l’exercice le plus difficile : la réinvention des formes. Le rectangle, le tonneau, le carré, le rond, l’ovale et sûrement d’autres que j’omets ont été autant de thèmes déclinés au fil des collections. Presque toutes les tentatives ont été fructueuses, avec un bémol pour la cuvée 2023 de la Tank française qui dans sa version tout acier n’est pas aussi réussie qu’à l’accoutumée. Ce n’est que mon avis mais la Tortue ou la Santos sont magnifiques aussi bien dans leurs versions originales que contemporaines. Je gage qu’elles le seront toujours :

    Tortue des années 70
    source Esquire , Tortue version 2024

    Cartier l’horloger

    Les mouvements Cartier sont propres à la marque et ce depuis le tout début du vingtième siècle. Chaque mouvement est nommé d’après les dates qui jalonnent l’histoire de la marque. 1847, naissance de la maison ou 1904, production de la première montre bracelet. On ne saurait dénigrer la qualité des calibres Cartier car la fiabilité ne prime jamais sur la prouesse, le bon doit s’intégrer au beau. Et l’innovation est parfois la meilleure arme dans ce combat. Le dernier mouvement en date est celui de la bien nommée Calibre. Le 1904 MC de 2010, MC pour Mega Complication. Il a permis de compiler un chronographe et un calendrier perpétuel avec un tourbillon volant.

    En parcourant la liste des complications telles que les gyro tourbillons ( qui porte le nom de double tourbillon mystérieux chez Cartier ) ou en observant le squelettage typique de la Santos éponyme, on pressent que ces exercices horlogers sont avant tout au service d’une esthétique impérieuse. Ce qui n’empêche pas d’admirer le travail accompli, bien au contraire. Oui, l’esthétique prime sur la performance horlogère mais pas à n’importe quel prix. Si on ne trouve pas de mouvement Cartier certifié Cosc, on pâlit devant  » les heures mystérieuses « , véritable figure de style soulignant le caractère immatériel du temps.

    Les heures mystérieuses. Un système de disque transparent ?
    Squelettage d’art

    Au fil des décennies les designs Cartier semblent avoir peu évolué mais à chaque itération les modèles iconiques se fondent dans les modes successives, sans rien perdre de leur identité. La Santos a toujours conservé sa lunette vissée tout comme la Ronde est fidèle depuis sa création à son classicisme atemporel. La maison sait aussi faire montre d’une belle maîtrise artisanale comme avec cette somptueuse Santos squelette :

    Le rôle prépondérant du quartz chez les horlogers bijoutiers

    Du point de vue d’un créateur de bijoux horloger, la facilité d’entretien et d’intégration font loi. Le quartz est par exemple très répandu chez Boucheron, Cartier et Chaumet pour ces deux raisons. Aussi bien chez les messieurs que chez les dames. La qualité du mouvement Quartz et l’innovation technologique ont, de plus, permis d’améliorer largement son autonomie. Une pile peut durer six ans grâce à l’optimisation du rendement énergétique. Mais c’est surtout la finesse et la petitesse des mouvements quartz qui expliquent sa place prépondérante. Chez Boucheron, le quartz est présent dans la plupart des modèles Reflet, excepté pour les modèles hommes taille large qui fonctionnent grâce à un mouvement automatique.

    SANTOS DUMONT Quartz

    Le quartz, si l’on suit les deux préceptes cités plus haut, est donc souvent conjugué au féminin en horlogerie bijouterie. Ces dames apprécient généralement la finesse autant que la facilité d’entretien. Finalement, quoi de plus logique que d’utiliser une pierre naturelle en joaillerie ? Cependant, le quartz ne permet pas tout, notamment à cause de la pile. On ne peut pas modifier sa forme comme on le fait avec un mouvement mécanique manuel, qu’on peut par exemple réduire à sa plus simple expression :

    Mouvement baguette Corum

    Vous trouverez ici la liste des mouvements Cartier, Ca vaut la peine d’y jeter un oeil.

    Chopard, l’art horloger

    On ne peut pas évoquer les bijoutiers horlogers sans parler de la magnifique maison Chopard. On lui doit l’usage original et particulier des diamants de la série Happy Sport, hélas majoritairement féminine. Sur ces modèles les pierres précieuses sont libres. elles bougent au gré de la gravité et des mouvements du porteur. Insérés entre deux verres saphir, quatre diamants glissent élégamment. Une idée simple et audacieuse qui ne choque pas sur un homme dans son format 36 mm :

    Chaumet et son impertinente Dandy

    Qui ne connait pas la Dandy ? Cette création porte d’ailleurs bien son nom. Élégante, avant-gardiste et subtilement impertinente, elle ose casser les codes de la symétrie. Les cadrans de ce modèle iconique sont effectivement traversés par une ligne qui court tout au long de la montre et finit sur le bracelet. L’asymétrie de la Dandy se conjugue donc au delà du boîtier, tant dans ses versions acier que cuir. 36 ou 40 mm, acier ou cuir, déclinée dans de nombreuses formes comme cette somptueuse Arty. Cette Chaumet séduit le monde depuis 2003 et restera dans les annales, j’en suis certain.

    Crédit : Montres de luxe
    Une ligne qui reprend le motif du cadran jusqu’au bracelet

    Boucheron et son Reflet

    Encore une fois, on remarquera que les bijoutiers savent habiller le simple et le rendre élégant. Le plus souvent grâce à un beau travail sur les boîtiers, d’ailleurs souvent rectangulaires. La montre ronde n’est pas toujours la norme, les formes longues évoquent davantage l’élégance, semblent nous dire les créateurs. Une autre caractéristique de cette Reflet : elle se porte sans boucle ardillon.

    La Reflet, or et acier
    Pas de boucle, une très belle idée qui permet de surcroit un changement de bracelet rapide.

    Décidément, le mouvement Art Déco nous aura offert un bon nombre des plus belles créations. La Reflet en est un bel exemple. Simple, racée, ses lignes godronnées sont exquises à mes yeux. Parfaitement unisexe, elle embellira les poignets de tous. Même si son design classique est un peu moins polyvalent que celui des modèles ci dessus.

    Seul le modèle large de la gamme est automatique mais c’est un détail. Quant au bracelet sans boucle, il est résolument moderne.

    Hermes

    En ce qui me concerne, la maison Hermès a créé la plus belle montre squelette. Et elle l’a fait dans un format réduit, ce qui est assez rare pour être signalé. Le verre semi teinté, le travail somptueux du mouvement, les index en italique et le boitier asymétrique sont autant de réussites sur cette superbe pièce. C’est hélas la seule de cet article que nous n’avons jamais portée, ni même vue physiquement.

    Très littérale, cette Heure H se décline en 25 et 34 mm, pour elle et lui. Une belle revisite thématique du boitier Tank et un beau travail sur la calligraphie comme à l’habitude chez Hermès.

    Bucherer et sa masse périphérique

    Une maison récemment rachetée par Rolex qui possède un très beau magasin à Paris. Du bijou aux vitrines horlogères, Bucherer propose de magnifiques créations. Je pense notamment à leur chronographe bi-compax grande date et à ses cadran fumés. Ainsi qu’à leurs modèles dotés d’une masse périphérique.

    Crédit Bucherer
    Crédit Bucherer, masse périphérique

    Bvlgari

    Depuis 1884, cette marque italienne crée des bijoux, des montres et des accessoires, à l’instar de Cartier. Leur expérience dans l’horlogerie est assez conséquente pour que L’Octo ait détenu le record de la montre la plus fine du monde pendant un moment.

    Crédit : Bvlgari
    Crédit : Bvlgari

    En conclusion

    J’aimerais dire que la montre est le bijou de l’homme, avec bien sur la chevalière et la gourmette. Mais bien souvent c’est le seul accessoire masculin. Les bijoutiers l’ont bien compris et si cette liste n’est pas exhaustive c’est parce qu’elle n’est constituée que des modèles que nous avons portés. Si seulement elle était plus longue…

  • Cuervo Y Sobrinos, le Cartier cubain ?

    Cuervo Y Sobrinos, le Cartier cubain ?

    Voici une marque que je connais bien. C’est d’ailleurs grâce au modele Historiador que je suis revenu dans l’univers des montres automatiques après quelques années d’infidélité. Pour la petite histoire, je cherchais une Rado Golden Horse mais en voyant le cadran rouge fumé et les cornes godron de cette cubaine, j’ai craqué. C’était ma première belle montre depuis la Cartier Tank de mes 18 ans, une quartz. C’est peut-être la raison pour laquelle j’associe ces deux marques anciennes et historiques.

    Cuervo est née en 1882, comme une simple bijouterie de La Havane qui a plus tard débuté la vente de montres. Elle fut reprise comme bon nombre de marques horlogères mais par le gouvernement cubain, qui la nationalisa suite à la révolution. Selon les propres dires de la maison, ce fût une période de déclin durant laquelle la production de montres militaires était l’activité principale. De 1965 à 1996 la marque redressa cependant la barre jusqu’à quasiment cesser son activité, hélas.

    2002, la renaissance Suisse

    La seconde naissance de Cuervo vit son héritage cubain placé au centre de sa politique esthétique, malgré une fabrication désormais Suisse. La valse des reprises, recréations, réinterprétations qui fait danser la majorité des marques débuta juste après, avec l’idée de conserver le style insulaire originel. Le mouvement CYS 4008 par exemple est un Landeron 248 restauré qui équipe ce modèle :

    L’histoire du Chrono Landeron CYS ici

    Forte de son expérience de bijoutier autant que de son esprit baroque et tropical, les clins d’œil de la maison Cuervo à l’histoire de l’île sont nombreux. Des cadrans aux couleurs caribéennes et aux noms exotiques évoquant la piraterie jusqu’à la forme godronnée des cornes, tous les modèles racontent l’histoire de Cuba.

    Un boîtier au style prononcé se décline justement sur pratiquement tout le catalogue. L’Historiador, L’Historiador Tradicion et la Flameante le reprennent dans des proportions légèrement différentes.

    Un des rares mouvements manuel de la marque, la Flameante

    Le modèle Flameante mérite qu’on s’y attarde. Tout d’abord c’est à ma connaissance le seul qui se remonte manuellement. C’est surtout celui qui propose le plus beau cadran, à mon goût. Guilloché en spirales complexes, il capte immédiatement l’attention. Le sous-cadran des petites secondes dénué de finitions n’en ressort que plus distinctement.

    La maison propose aussi des boitiers lingot et depuis peu des modèles féminins. Une de leurs dernières créations est fort jolie, il s’agit de La Robusto sans souci . Les Winston Churchill sont très belles également mais assez imposantes ( 43 mm ).

    Le style CYS est très reconnaissable, voici la majorité de leur catalogue en images :

    Les mouvements

    Cuervo travaille avec Sellita. Ce n’est ni assumé, ni dissimulé par la maison. Les dénominations des mouvements ressemblent à des références aux initiales de la marque ( CYS5159 par exemple ). Ce qui correspond à un SW 261. Les finitions sont propriétaires mais j’ignore si elles sont effectuées en interne. J’ignore également le grade utilisé, élaboré ou chrono probablement. Pour rappel, le grade correspond aux performances et au nombre de positions de réglages. En deux mots, à la précision. Nous ferons une revue d’un modèle CYS, probablement de la Flameante.

    Une marque connue et reconnue

    La maison CYS est historique, diffusée dans plusieurs pays et elle propose une très belle gamme ainsi que certains modèles exceptionnels, or et acier. De plus, on trouve des Cuervo vintage facilement. Tous ces critères en font pour moi une marque haut de gamme à part entière. Dommage que les mouvements propriétaires ne soient pas au cœur de leur politique. Mais Cuervo est loin d’être la seule à emboiter des montres. Au moins, cela favorise le rapport qualité prix global. Il n’en reste pas moins que c’est une belle maison avec une histoire riche. Il n’est pas exclu que nous fassions une revue sur la Flameante, une pièce au stylle néo baroque contemporain.

    En conclusion, je dirai que cette maison est trop peu connue par chez nous. La faute à une distribution nationale famélique. Si on se base sur le nombre d’annonces sur Crono24 pour déterminer la popularité d’une marque, Cuervo est très connue. J’en déduis que certains pays sont plus sensibles au design latin que d’autres.

    Cuervo en France

    Un documentaire sur la maison Cuervo
  • La black Bay 54 37 mm, retour royal

    La black Bay 54 37 mm, retour royal

    Lorsqu’on en vient à évoquer les familles royales, le mot révolution est proscrit. C’est pourtant la maison Tudor qui a dérogé la première puisqu’on avait pas vu de 37 mm depuis des lustres. La tendance depuis de longues années est aux grands diamètres tant et si bien que les nouveaux amateurs ont parfois du mal à porter petit.

    Il faut remonter à la série des Prince pour retrouver un diamètre avoisinant les 37 mm. En effet, les Black Bay qui régnaient sans partage à la cour des Tudor oscillaient plutôt entre 39 et 43 mm.

    L’apparition d’une 37 mm apostillée Black Bay fut donc un grand petit choc. Après la Glamour double date 42 mm ou la BB Bronze 39 mm, il n’aura pas fallu longtemps pour que nous soyons séduits par un nouveau boîtier, même réduit de presque 20 %. Pourquoi ? Car le véritable attrait de cette BB54 se trouve ailleurs que dans ses dimensions.

    Avant d’appréhender les détails originaux de ce modèle, écartons d’emblée la fausse idée que l’on se fait des tailles contenues. Non, elles ne sont pas spécifiquement féminines. Nous l’avons suffisamment répété dans nos autres articles. Alors, où est la nouveauté dans le cas présent, si ce n’est ni la taille, ni le public auquel la montre est destinée ?

    Au porté

    Bracelet en caoutchouc et pieces de bout

    Mon humble avis est le suivant, l’atout principal de cette BB54, ce sont les pièces de bout associées au bracelet noir. Ce duo d’accessoires permet de renouveler et de mettre en valeur le boîtier sous de nouveaux atours et surtout dans une « nouvelle » forme. Les Black Bay sont traditionnellement rondes. Mais habillées des pièces de bout fournies avec la version caoutchouc du bracelet, l’impression finale est toute autre. Le boîtier se voit couronné d’un volume supplémentaire qui le modifie littéralement.

    L’espace latéral entre les cornes, habituellement vide, est entièrement comblé par les pièces de bout. La rondeur reste au cœur de la perception visuelle mais elle est enrichie par le surplus de matière. D’un boîtier rond et cornu on passe à un rond en costume, pour poursuivre l’analogique vestimentaire.

    De même, cet espace qui sépare le début du bracelet de la fin du boîtier est, de fait, également obturé. Et ça change vraiment tout.

    La version tout acier, complètement différente ?

    Vous constaterez ci dessous que les mêmes pièces de bout serties sur le bracelet acier donnent une impression bien différente. C’est bien sûr dû à la matière commune aux pièces de bout et au bracelet qui supprime tout contraste entre les deux. Or, le contraste est à la base de la perception des formes. Cette dernière a beau être strictement identique au cahier des charges habituel de la BB54, le bracelet noir rehausse les lignes de l’acier. Les proportions habituelles ne changent pourtant pas :

    Le boîtier est épais de 11.2 mm, l’entrecorne mesure 20 mm. La glace est en saphir, on retrouve la rose Tudor à 12h sur la lunette, tous les codes de la maison sont présents. Tout a pourtant changé.

    Le même modèle version acier
    Voyez comme la forme change d’aspect

    Costume trois pièces

    La piece de bout est à la montre ce que le gilet est au costume. Dispensable mais indispensable, c’est ce que je peux écrire de plus simple et qui pourrait convaincre les marques à utiliser davantage cet accessoire. Et à instiller dans l’esprit des manufacturiers que la montre est un objet qu’on habille avec plus de variété qu’on l’imagine. Je vous renvoie d’ailleurs à notre article sur la personnalisation.

    La grande sœur, la BB41

    Tudor, Serica, Longines sont les trois maisons qui me viennent à l’esprit et qui utilisent ces accessoires. La version 2024 de la BB41 mm offre elle aussi un bracelet T-Fit noir en tout point identique, également orné de pièces de bout dans une dimension plus importante. Dommage d’ailleurs qu’il ne soit pas compatible avec les versions antérieures de ce modèle ( vous ne pourrez l’installer que sur la Ref. M7941A1A0RU-0001 ).

    Image Tudor

    La BB54 au quotidien

    Comme vous le savez peut être déjà, on ne parle que de ce qu’on porte au quotidien sur Twistheure. Cette montre est à mon poignet depuis seulement six mois, c’est bien assez pour déterminer les points essentiels :

    • lisibilité
    • style
    • praticité

    C’est un tiercé gagnant. C’est loin d’être le cas de toutes les montres qui peuvent parfois être magnifiques mais illisibles, comme la Vulcain Cricket que nous testerons bientôt et qui est impraticable la nuit venue. La BB54 ne possède pas ce défaut grâce à ses larges aiguilles et ses index ronds, recouverts de luminova.

    L’invariable style Tudor de plongeuse habillée se retrouve malgré la taille. C’est un peu comme les Porsche 911.. Toujours pareil mais toujours différent. Une version rouge aurait d’ailleurs été appréciée, à l’instar de la 41 mm. Quant à l’aspect pratique, il mérite qu’on s’y attarde :

    On apprécie le T-FIT

    Il permet un réglage fin bien plus facile que le système habituel des pompes. Ici, il suffit de relever la partie dédiée et de la faire glisser jusqu’à la longueur désirée. Puis de replier. Aucun outil n’est nécessaire. En combinant ce système avec l’ajout ou le retrait de maillons, il est impossible de ne pas trouver l’ajustement parfait.

    Au programme, on trouve toujours :

    • l’étanchéité à 200 mètres ce qui est remarquable pour un garde temps de cette dimension.
    • la lunette tournante 120 positions
    • l’excellent MT5400, calibre manufacture d’une précision impressionnante ( moins de 3 secondes par jour sur toutes les Tudor testées dotées de ce mouvement : BB 41 , Glamour Double Date ).
    • la réserve de marche de 70h
    • le remontage par balancier bidirectionnel

    Conclusion

    Tudor a beau être apparentée à Rolex, ces deux maisons sont indépendantes dans leurs approches du design. Et malgré une forte identité et des éléments caractéristiques communs, on ne se passe pas des Black Bay lorsqu’on est collectionneur. Cette 37 mm ne fait pas exception, même si on aurait aimé plus d’itérations. On aurait également adoré la certification Metas puisque la sortie de ce modèle est concomitante avec celle de la nouvelle Black Bay 41 mm 2024, dotée de cette spécificité.

    Il n’en reste pas moins que ce garde temps est un bouffée de fraicheur et probablement une des nouveautés les plus notables depuis longtemps. La preuve en est qu’il y a longtemps eu une liste d’attente ( d’un an en magasin ). Je ne connais pas les délais de livraison sur le site officiel mais j’imagine que c’est aussi le cas. C’est un signe révélateur de succès.

  • Coup d’oeil sur la Serica Parade

    Coup d’oeil sur la Serica Parade

    La nouvelle création de Serica, nous étions prévenus, est d’un tout autre genre que les précédents modèles du catalogue. Un pas a été franchi vers une collection plus polyvalente. Effectivement, les autres références du catalogue comme les 6190, 5303 et 8315 ne sont pas spécifiquement des montres de ville alors que la Parade ( ou 1174 ) affiche clairement sa volonté de plaire et son désir d’élégance, via un véritable parti pris esthétique : sa forme.

    Chanceux que nous sommes, nous avons pu voir les modèles prototypes, proches de la préproduction. Et la première chose remarquable, c’est l’ovalité du boîtier de type baignoire. C’est toujours agréable de quitter les rondeurs qui représentent 90 % de la production de montres. Encore plus lorsque cette forme est une des moins répandues. Ce boîtier est original et détonne joliment dans la production actuelle.

    Le bon rapport

    La lunette de la Parade est assez large et c’est un point important car son épaisseur a un impact direct sur la perception que l’on a des dimensions d’une montre.

    Une lunette franche

    Le nombre 1174 n’a pas été choisi au hasard, il représente un rapport mathématique relatif aux dimensions du boîtier. On imagine aisément les heures de travail pour aboutir à un résultat jugé optimal par l’équipe de création. Faire simple c’est compliqué.

    Les dimensions précises : 35 mm de largeur par 41 mm de longueur et 8.3 mm d’épaisseur. Parfaites pour une montre habillée puisque dans cette gamme on évite généralement les tailles trop imposantes. Élégance rime avec contenance et subtilité.

    La couronne est d’ailleurs assez discrète, enchâssée entre les demi ronds de flan qui cassent subtilement la symétrie générale :

    Le dos, nu mais brossé

    Enfin, on remarque que le bracelet est fixé par des cornes invisibles afin de préserver la pureté de la forme géométrique, j’imagine.

    Toujours le mouvement M100 Soprod

    Ce dernier est certifié Cosc, c’est à dire que sa précision garantie oscille entre – 4 / + 4 sec par jour. On retrouve ce Soprod M100 sur la 5303 par exemple. La finition est la meilleure proposée par le manufacturier, elle répond au doux nom technique de R4 et le réglage est effectué sur 5 positions. Ce que l’on peut proposer de mieux à ma connaissance.

    Photo : Caliber corner

    Ce type de boîtier est le plus souvent doté d’un mouvement mécanique manuel. Ce n’est pas le cas ici et c’est appréciable. La réserve de marche suffît à passer le weekend si besoin. Soprod est une maison qui fournit d’excellents mouvements comme le C125 utilisé chez Chronoswiss, ou le PO24.

    Deux aiguilles galbées

    J’ai toujours eu un amour particulier pour les modelés deux aiguilles, comme vous l’avez peut être lu sur notre article dédié à la magnifique Chopard LUC XPS. Le duo des minutes et des heures dégage à mes yeux une pureté que ne possèdent pas les trois aiguilles. C’est une belle et bonne Idée pour un beau résultat car j’imagine qu’une trotteuse sur une montre ovale peut poser quelques problèmes de longueur.

    La forme des aiguilles évoque elle aussi la rondeur. Si cette montre était une peinture, elle serait une Rubens.

    Deux variations de cadran

    Noir satin et laiton, ce sont les deux coloris proposés et ils sont radicalement différents. Si l’on omet la discrétion commune des index, malgré tout bien lisibles, on apprécie dans les deux cas le soleillage très original du cadran. Je ne me rappelle pas en avoir vu de semblable.

    Les rayons excentriques légèrement sinusoïdaux s’échappent joliment vers les bords du cadran. Leur fuite se termine juste avant les index laissant un espace qui induit naturellement l’idée d’un chemin de fer. C’est très subtil, très réussi.

    Je n’ai pas eu l’occasion d’observer la version noire de près mais l’effet est certainement identique, quoique logiquement plus discret. L’environnement lumineux doit probablement influer de belle façon et éclaircir le cadran foncé, mettant encore en valeur le travail sur ce dernier.

    Avis subjectif

    Les points forts de la Parade sont bien sûr sa forme, son guillochage original et hypnotique ainsi que sa lunette dont l’épaisseur vient contraster avec toutes ces subtilités esthétiques. Le tout est harmonieux, élégant mais polyvalent. Je serais curieux de voir cette montre sur un beau bracelet milanais, je pense que cela lui irait bien.

    Quant au rapport qualité-prix de cette 1174 il est tout aussi bon que celui des autres modèles du catalogue. Un bon calibre, une belle montre française pour un prix qui situe ce modèle dans la gamme des montres de luxe.

    En complément de cette mini revue, vous trouverez ici le test de la 5303 que nous avons portée un an.

    Galerie

  • Interview de Nicolas, spécialiste des montres Vintage

    Interview de Nicolas, spécialiste des montres Vintage

    Si je peux me targuer de bien connaître l’univers des belles montres contemporaines, je suis moins calé sur les montres vintages. Entre les pièces typiques des années trente, les chronographes des années cinquante ou les boîtiers rectangulaires des seventies, il faut être bien armé pour savoir situer une montre dans son époque où dénicher une pépite sans la payer trop chère. Je me suis donc inscrit sur un groupe Facebook dédié il y a un an, dans l’espoir de parfaire mon bagage.

    Le choix fut aisé, une recherche des mots clés « montre » et « vintage » et je trouvai un groupe francophone sur lequel je fis une demande d’inscription, rapidement traitée. Les présentations et remerciements d’usage effectués, j’ai été gentiment accueilli. L’esprit du groupe semblait agréable, ce qui est loin d’être le cas partout, croyez moi.

    logo groupe facebook
    Groupe Facebook pour mostrophiles nostalgiques

    Assez rapidement, j’ai observé que Nicolas M, membre administrateur, était fort instruit dans le domaine des tocantes anciennes . Entre passionnés le courant passe toujours bien, je l’ai donc contacté après quelques jours pendant lesquels j’ai partagé mes montres avec la communauté, posé des questions et fait connaissance. J’ai enfin proposé une interview à Nicolas qui a gentiment accepté. Mon but était simple : apporter quelques connaissances aux lecteurs qui découvrent l’univers des montres anciennes et désirent acheterr leur première précieuse. Car tout le monde désire une montre vintage, oui.

    Bonjour Nicolas et merci de répondre à ces questions. Une partie de notre site est dédiée aux montres vintage, il me fallait donc une personne impliquée dans la communauté. J’aimerais savoir :

    As tu toujours été passionné par les montres ? Comment ta passion a t -elle débutée ?

    J’ai toujours été attiré par les montres, déjà étant petit. Vers sept, huit ans, je jouais avec celle de mon papa quand il ne la portait pas, avec la complicité de ma maman. C’était une Lip Sportville automatique achetée neuve en 73. Mais j’y faisais attention.

    montre lip sportville  de 1973 sur poignet velu
    LIP Sportville 1973 automatique

    Es tu davantage attiré par les montres d’une époque particulière ? Possèdes tu des garde-temps plus contemporains ou es-tu totalement hermétique aux créations actuelles ?

    Je possède 99,9% de vintages et une seule contemporaine : une LIP Général De Gaulle. Ce fut ma première vraie montre car j’avais alors d’autres priorités. Une fois libéré de certaines obligations, je me suis dis qu’il était temps que je m’achète une véritable pièce : la Lip CDG . Ma passion pour les vintages est arrivées juste après.

    Ta montre vintage préférée ? Celle que tu rêves d’avoir ?

    J’ai bien trop de montres favorites…Celle que je rêve d’avoir, c’est mon troisième graal. Une triple date avec phase de lune, pas forcément d’une grande marque car je n’ai pas la bourse qui suit. Un Valjoux 90 me suffira amplement.

    J’ai réussi à obtenir mes deux premiers graals , une Rolex vintage et une UG Polerouter noire.
    Mais pour faire suite à la première question je dirais ma Lip Sportville. La même que porte mon papa encore aujourd’hui et que j’ai mis trois ans à trouver dans un état proche du neuf.

    Magnifique Polerouter sur bracelet acier noir

    Le groupe Ma Montre Vintage est très actif et compte plusieurs centaines de membres. Quelle est selon toi sa plus grande utilité ?

    L’utilité du groupe selon moi est d’abord de guider les néophytes. J’ai en moi cette notion de « protection » et d’aide que j’applique en répondant aux questions, en expliquant les besoins des montres mécaniques (notamment sur l’entretien) car beaucoup ne savent même pas qu’elles en ont besoin ni comment s’en occuper.

    Je dénonce les arnaques autant que possible. Je me rappelle avoir été rappelé à l’ordre sur un autre groupe pour cela, ma publication avait été supprimée par un administrateur qui comprenait bien son intérêt mais ne pouvais accepter le fait de dénoncer…Tant mieux pour eux.
    Moi, je ne peux pas laisser passer ça. Beaucoup ont du mal à comprendre que si nous encadrons les ventes, c’est pour palier à ce genre de problèmes d’une part et d autre part pour remercier les membres les plus assidus de leur participation sur le groupe ( il faut obligatoirement partager sur le groupe pour bénéficier de sa visibilité , c’est donnant donnant ).

    Face aux pêches miraculeuses de certains, je sais que plusieurs s’interrogent et se demandent où et comment chiner. Notamment dans les grandes villes. Des astuces?

    Pour les pêches miraculeuses, il n’y a pas de mystère. Déjà, la région joue énormément… On trouve beaucoup plus de montres dans les brocantes de Franche comté qu’en Normandie, à mon grand regret. Après ,il reste internet. Mais dans tous les cas, un coin à champignons ça ne se donne pas !

    La franche Comté

    Quelles sont les chances pour un chineur d’acquérir une Blancpain, une Piaget ou une vieille Breitling abandonnée ?

    Ce genre de pièces onéreuses ne se trouvent pas ou très rarement en brocante. Comme je le réponds souvent sur le groupe : si j’hérite d’une rolex , même si je n’y connais rien , je ne la jette pas dans un carton pour la prochaine brocante, je cours la faire estimer. Donc la chance de trouver une pièce comme ça en brocante est quasi nulle. 

    Pour un chineur « pro », quel est le plus important ?

    Incontestablement : les contacts…

    On croise beaucoup de LIP sur le groupe. Comment expliques tu la popularité de cette marque ?

    Oui on croise pas mal de Lip. Et c’est normal car Lip a été LE plus connu des fabricants de montres françaises. On croise souvent également Yema, Aurore, Jaz et d’autres françaises. Et pour les suisses on croise souvent : Zenith , Oméga, Longines, JLC, Tissot ( car Tissot avait sa place parmi les grands à l’époque… un peu moins aujourd’hui, je trouve ) et j’en oublie…

    Quelles autres marques croisent -on le plus chez les amateurs de vintage ?

    On voit souvent des marques méconnues, tombées en désuétude mais qui sont appréciées par les collectionneurs. 

    NDR : Gruen, Waltham et Helbros par exemple

    Ce qui compte le plus, c’est donc de porter ce qui nous plait plutôt qu’une Omega, une Zenith ou une Breitling vintage ?

    Oui, c’est primordial. Rien ne sert d’avoir une Omega qu’on aime pas… C’est le meilleur moyen qu’elle reste au fond du tiroir. Moi même, je possède une Aurore et une Jaz que je n’échangerai jamais contre une Omega. Idem pour la valeur sentimentale qui passe bien au dessus de la valeur pécuniaire.

    Beaucoup sur le groupe demandent si ça vaut la peine de réviser une montre non connue. Ma réponse est toujours la même : bien sûr que oui, si on les aime et si on les porte ensuite.

    Quel conseil tu donnerais à quelqu’un qui veut acheter sa première vintage, avec un budget de 400 euros et qui cherche un chrono ?

    De privilégier une marque peu connue. Car de toutes façons les mouvements chronos sont suisses et de qualité, comme Landeron ou Valjoux. Au pire, il faut rajouter quelques dizaines d’euros pour privilégier un achat révisé et garanti par un pro. On en trouve dans les 450-500 €. Vu que la révision coute dans les 300 €, ça ne sert à rien d’acheter un modèle non révisé à 200-250 € qui risque de s’arrêter n’importe quand et surtout de s’user, ce qui va dégrader des pièces qu’il faudra changer plus tard. Et reviendra inévitablement plus cher. Alors oui, on peut trouver un chrono vintage de grande marque à 400 € mais il ne sera pas entretenu…

    Finalement, même une Breitling vintage tournera avec un Venus tout comme une marque moins connue le ferait. Alors qu’aujourd’hui les mouvements des grandes maisons sont davantage personnalisés et parfois entièrement manufacturés , c’est bien ça ?

    Effectivement, la Breitling vintage utilisera bien un venus sauf que le tarif sera bien supérieur à cause de la marque. Les très grandes maisons auront du manuf comme Bréguet ou Patek. Mais les Omega, Oris et bien d’autre utilisent maintenant de l’ETA modifié. Quand on modifie un mouvement, même de manière non significative, on a légalement le droit de dire que c’est du manuf ( comme le plat maison au resto dans lequel on rajoute juste une sauce ) alors que dans les Omega vintages, c’était systématiquement des mouvements maison. Donc je pense qu’on trouve plus de mouvements manufacturés dans les vintages que dans les contemporaines. Aujourd’hui, c’est le coût qui décide. Et Omega appartient au groupe swatch, qui possède aussi Eta … Donc forcément, ils ont intérêt à s’y fournir.

    Merci Nicolas, personnellement j’ai appris des choses. J’imagine que les lecteurs également. Le mot de la fin ?

    Qu’importe la montre pourvu qu’il y ait l’ivresse!

    À propos de Nicolas : Il ne porte que des bracelets acier.

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