68 ans, c’est le bel âge. Et 1957, c’est 35 ans après le premier chronographe manuel sur montre-bracelet. Cette 1191 de 36 mm a donc été fabriquée alors que Breitling maîtrisait parfaitement son sujet, à l’époque où le chronographe était très en vogue et représentait l’esprit d’aventure. Cette version en acier est devenue relativement rare aujourd’hui. De nos jours, c’est le plaqué or qui est le plus courant parmi les chronographes vintage. Elle possède une autre caractéristique peu commune puisqu’elle porte la mention » Ébauche suisse », dont vous allez découvrir la signification. Notez aussi que la marque Type propose un modèle très similaire qui porte cette même mention. Et ces deux informations ne sont pas sans rapport.

La 1191 en détails
Les proportions de ce chronographe sont classiques. Le boitier mesure 36 mm, hors couronne. L’épaisseur est de 13 mm et le plexiglass est d’origine. Les poussoirs champignons sont efficaces et complètent bien l’esprit chronographe. La couronne paraît légèrement surdimensionnée si on a l’habitude des montres de plus grands diamètres mais elle est très facile à manipuler. L’état général est très bon, j’ignore cependant si le cadran a été restauré. Si oui, ce fut bien réalisé, une très légère patine colore toujours le blanc. Les index sont intacts, le chemin de fer également. Seuls deux chiffres sont apposés, le 12 et le 6, dans une typographie délicate plutôt moderne si on considère l’époque. Pas de date au programme, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Les sous-cadrans sont composés de cercles concentriques qui accentuent la visibilité, ils apportent une touche de modernité à cette pièce fidèle aux codes des années 50. Enfin, le cadran est très subtilement soleillé.




Esthétiquement, la 1191 est très jolie. Charmante même. Elle flatte l’œil grâce à sa simplicité et aux fines couleurs bleues du chemin de fer, que le doré des index fait ressortir. Ses proportions sont plaisantes et la lisibilité diurne est efficace. En soirée, c’est plus délicat car les aiguilles ne sont pas recouvertes de Radium. Ce dernier était pourtant encore utilisé à l’époque, ce n’est qu’en 1963 qu’il fut interdit pour avoir fait plusieurs victimes parmi les manutentionnaires.


Un bracelet type vintage
Bien que ce bracelet milanais vienne d’une boutique spécialisée dans les accessoires vintage, je ne suis pas certain qu’il soit ancien. Mais il lui va très bien, c’est l’essentiel. Tout comme le cuir d’ailleurs, notamment le style gentleman driver. Nous avons modifié nous même le bracelet en cuir que vous voyez plus bas. Ce ne fut pas une mince affaire sans l’aide d’un gabarit et d’une presse.



Du Venus 188 au Valjoux 7730
C’est le mouvement 188 de la manufacture Venus qui anime cette pépite vintage. À remontage manuel, il permet de tenir une quarantaine d’heures, un peu moins peut-être, je n’ai jamais vraiment vérifié. Mais quelques tours de couronne tous les jours suffisent à maintenir l’isochronie autour de 7 secondes par jour ( mesure effectuée sur un véritable isochronometre ). C’est un beau résultat. Les mouvements manuels sont d’ailleurs tellement plus sexy, ils entretiennent un rapport entre le propriétaire et sa montre bien plus étroit qu’avec une automatique.

Membre du groupe Ebauche SA depuis 1928, la manufacture Venus a produit le mouvement 188 entre 1948 et 1966, via la société Berret & Schmitz. Des difficultés financières ont permis à Valjoux de racheter les installations et d’utiliser plus tard le 188 comme base au 7730. D’autres modèles du catalogue comme le 175 ont été copiés par les russes ou ont légitimement été emboités sous la marque Seagull.

Ébauche Suisse
Cette mention atteste que la montre a été partiellement fabriquée hors de Suisse. Dans ce cas, c’est peut-être le boîtier qui fut produit en France alors que le mouvement Venus était soit fabriqué en Suisse, soit fourni démonté à l’emboiteur. Il est intéressant de constater que la marque Type a commercialisé un modèle quasi identique à la 1191. Peut-on en déduire que c’est cette maison qui a assemblé la 1191 ? Aucune idée, mais la théorie est viable.


Le prix de la popularité
Lorsque je le peux, j’essaie de trouver le prix auquel était vendues les pièces que vous découvrez sur notre site. Le prix original de cette montre était inférieur en son temps à celui auquel on peut l’acquérir actuellement. Sa valeur actuelle est de 2500 euros chez les vendeurs pros. Bien que je ne puisse le garantir et selon les recherches que j’ai effectuées, je pense qu’elle coûtait l’équivalent de 1000 de nos euros en 1957. Dénuée de toute complication, la 1191 était probablement un modèle de « moyenne gamme » au catalogue d’une marque déjà prestigieuse, couronnée de nombreux records et succès chronométriques. Aujourd’hui, les moins onéreuses des Breitling dépassent les 5000 Euros.
Dans les années 50/60 les modèles en or, particulièrement les quantièmes perpétuels, constituaient le haut de gamme des chronographes. C’est peut-être pourquoi on qualifie parfois la 1191 de « populaire ».

Au quotidien, la 1191 s’accommode à toutes les situations. Costume, T Shirt, pull…elle se porte avec tout. Ses tons acier permettent de l’associer avec n’importe quelle couleur. Au bureau, en soirée ou même dans les transports, cette montre n’est pas ostentatoire, elle se fera remarquée à bon escient. Sa cousine Type est également très belle dans sa livrée plaqué or. Elle est bien moins chère, je l’ai vue autour de 1000 Euros. Ce prix élevé s’explique probablement par sa parenté avec Breitling. Mais dans tous les cas, je n’ai vu aucun autre modèle de 1191 sur le net. J’ignore si cela la rend rare mais pour nous, elle n’en est que plus précieuse.
Remerciements
Je tiens à remercier Nicolas du site Les Rhabilleurs qui m’a apporté son aide sur un point particulier. Ainsi que Nicolas M du groupe La montre vintage pour le partage de connaissances. Car il il faut bien l’avouer, j’ai eu bien du mal à trouver des informations sur cette pépite argentée.
