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  • Le Pierce 861, un mouvement à glissières

    Le Pierce 861, un mouvement à glissières

    Peu connu du grand public et parfois même des spécialistes, le mouvement à glissière ne fonctionne pas comme les autres. Certes, il repose sur le principe du remontage mécanique basé sur la récupération de l’énergie engendrée par les mouvements de l’utilisateur. Mais la solution retenue par son inventeur est assez différente du système de la masse oscillante. Le terme « masse oscillante » est pourtant tout à fait indiqué pour désigner le Pierce 861.

    Ce n’est d’ailleurs pas le seul mouvement qui a opté pour une autre solution. La crise permanente engendrée par la surproduction des montres-bracelets a grandement favorisé l’innovation horlogère. L’histoire n’a cependant pas tout retenu.

    Avant de vous dévoiler le fonctionnement de ce calibre méconnu, il faut comprendre pourquoi c’est le système de la masse circulaire qui est le plus efficace et qui fut conservé par l’industrie.

    La contrainte de l’angle limité

    Une masse oscillante fonctionne toujours à 360 degrés. Qu’elle tourne via un axe central ou via un système périphérique comme c’est le cas de certaines Bucherer et Perrelet, la masse est libre de faire plusieurs tours sans rencontrer d’obstacle à sa course. De plus, si le système est bidirectionnel et remonte le ressort dans les deux sens, ce qui n’est pas le cas sur tous les mouvements, l’efficacité est doublée. C’est là tout le génie de ce processus mécanique.

    Le mouvement à glissières comme ceux que vous découvrirez juste après, fonctionne sur une plage limitée puisqu’elle n’est pas circulaire. La masse est entraînée par les mouvements du poignet mais seulement sur un axe linéaire, ce qui implique un début et une fin de course. Le dégagement est limité et le mouvement ne peut récupérer l’énergie que dans un sens. Le porteur doit effectuer un mouvement opposé afin d’engendrer à nouveau de l’énergie. A moins qu’un ressort ne l’aide dans sa course retour. Ce qui est le cas ici.

    Le Pierce 861, dépôt de brevet dans les années 1930/40.

    C’est Leon Levy qui a imaginé le mouvement à glissières. Il était employé chez Pierce, une marque suisse née en 1858. La meilleure période de cette maison se situe dans le premier tiers du 20e siècle. On peut dire qu’elle avait à cœur d’imaginer ses propres solutions plutôt que de copier le reste de l’industrie. Malgré cela la crise du quartz fit une victime de plus dans les années 70, dont la société Pierce.

    Mouvement pierce 861 ouvert

    Le fonctionnement du 861

    Si vous observez schémas et photos, vous apercevez un espace en forme de croissant entre le corps de la grosse pièce qui ressemble à une masse oscillante et les bords internes du boîtier. C’est en se déplaçant sur l’axe des deux glissières que l’énergie est transmise au ressort via la pièce linéaire dentée (la crémaillère).

    Une efficacité relative

    Une course si petite ne permet pas à la masse oscillante assez de mouvements. Il faudrait la secouer en permanence pour remonter efficacement le ressort et même ainsi l’efficacité serait moindre. On parle alors d’un mauvais rendement.

    Mouvement très rare Pierce 861 à glissières
    La course et les glissières

    Chapeau bas

    Une campagne de publicité bien pensée mettait en scène un homme chapeauté qui se découvrait dans un large geste. La publicité expliquait probablement que ce mouvement permettait ainsi à la montre de se remonter. Je n’ai jamais vue cette publicité qui concernerait la marque Harwood, j’en ai simplement entendu parler, il semble cependant qu’elle ait réellement existé. Gemini, le grand gourou du savoir humain m’a confirmé son existence. Mais c’est Nicolas M qui m’en a parlé d’abord. D’ici à imaginer que Gemini s’informe chez Nicolas, il n’y a qu’un pas.

    Video du mouvement et du coulissement

    Le mouvement pendulaire

    Voici un autre exemple de mouvement automatique à glissement limité. Il est plus efficace que le Pierce 861 puisque la course est plus longue, quoique toujours limitée. C’est un calibre Buren, dit « pendulaire ».

    Mouvement Buren pendulaire côté fond ouvert
    Credit : Forumamontre

    Le mouvement à bumper Omega

    Encore un peu plus efficace, le mouvement à bumper est également pendulaire mais sa course est quasiment circulaire à 360 degrés. Le bruit de ce calibre est caractéristique et évoque un peu celui des flippers de notre jeunesse. On trouve parfois des ressorts pour amortir le choc de la masse qui vient claquer contre la butée.

    Mouvement oméga à bumper côté fond ouvert
    Credit Brussel Vintage

    Et le gagnant est …

    Ces trois calibres sont une alternative à la masse circulaire habituelle. On ne les trouve plus dans la production horlogère moderne car leurs performances ne le justifient pas.

    En revanche les micro rotors et les masses périphériques sont des alternatives élégantes et efficaces. Mention très bien pour Perrelet et Bucherer car les masses périphériques permettent de laisser apparentes ces dernières côté cadran ou côté fond.

    Montre Perrelet avec une masse périphérique côté cadran
    Credit : Perrelet

    Archives

  • Mon premier achat vintage

    Mon premier achat vintage

    J’ai remarqué que bien des amateurs de montres en viennent à s’intéresser aux montres d’antan. C’est d’ailleurs un peu vrai pour tout ce qui a trait à l’artisanat. Tendance et nostalgie sont le Nord et le Sud dans le monde du bel ouvrage. La première s’inspirant de la seconde, c’est assez logique. Il en va de même chez les passionnés : les amateurs de belles montres contemporaines suivent souvent le même chemin et remontent le temps.

    Pourquoi le choix du vintage ?

    Rolex, Omega, Piaget… toutes les grandes maisons ont hérité de centaines d’années d’expérience horlogère. Les calibres manufacture en sont la preuve ultime. Une marque moderne n’aurait aucun intérêt à réinventer la roue et ferait une grave erreur en proposant un mouvement créé à 100% en interne. Il faudrait un temps fou, des sommes colossales et le bénéfice serait nul. En un mot, on ne réinvente pas la roue. Il y a cependant eu de gros progrès technologiques depuis lors, notamment au niveau des matières employées.

    L’attrait du vintage réside précisément dans l’appréciation de l’histoire des grandes maisons à laquelle on accède via l’acquisition d’un modèle iconique, voire historique. Tout ça pour dire que peu importe l’époque, dans les grandes maisons l’excellence est présente dès les modèles originels. Les montres contemporaines sont magnifiques et sont l’évolution naturelle des modèles d’antan, mâtinés de progrès technologiques et de variations esthétiques. Pourtant, le neo vintage comme on l’appelle pompeusement ressemble fort à un aveu d’impuissance créative tant les codes d’antan étaient justes. Rassurez-vous, certains garde temps modernes sont sublimes. Mais ils gardent précieusement en eux l’héritage du passé.

    L’autre facteur qui porte le choix des mostrophiles vers les modèles historiques, c’est l’esthétique particulière, caractéristique et originale des montres des années 20, 50, 60 et 70. Les tarifs abordables sont un autre argument, même si on trouve des montres de cinquante ans hors de prix.

    Une offre pléthorique

    Si vous envisagez de vous lancer dans l’aventure, vous devrez être armé de solides connaissances afin d’éviter de payer trop cher. Ou d’espérer dénicher la perle dont le vendeur ignore tout. Avant tout, il faut choisir votre camp. Préférez-vous les montres restaurées à l’origine ou celles qui expriment leur vécu, leur histoire ?

    Cadran restauré ( suppression du label SWISS MADE, reprise du logo )

    L’état presque parfait : NOS

    Si vous vous demandez à partir de quand on considère qu’une montre est vintage, sachez qu’elle doit être âgée d’au minimum 20 à 25 ans d’âge pour recevoir cette noble mention. Ce qui nous amène au début du 20e siècle. Voici justement une Omega De Ville tonneau des années 90 acquise par la rédaction, un exemple parfait pour illustrer les plus jeunes vintages.

    Il s’agit d’une pièce en excellent état, jamais portée. On peut la qualifier d’état de NOS puisqu’elle n’a quitté les vitrines d’Omega que pour atterrir dans un tiroir et ne plus jamais en sortir. ( NOS : New old stock ).

    Méfiance cependant si vous achetez une NOS directement sans qu’elle soit passée par la case révision. Surtout pour les plus anciennes dont les huiles sont naturelles et ont tendance à sécher. Ne jamais la porter directement, toujours la confier à un horloger. Sinon c’est la panne assurée. Cela n’a pas raté avec ce modèle qui dérive de trente secondes / jour et dont la date passe à 5h au lieu de minuit.

    Un autre exemple, j’ai croisé une IWC NOS. Arborant toujours l’étiquette d’époque, jamais portée. Le temps et probablement les UV ont offert à son cadran une couleur verte très pâle, subtile mais magnifique. Ce modèle relativement simple a vu sa côte grimper grâce à cette particularité. Hélas, je n’ai pas d’image de cette pépite croisée à l’Atelier du Temps. Mais vous l’aurez compris : certaines particularités que seule une très longue période de temps peut causer suffisent à augmenter la valeur nominale d’une montre vintage. C’est le prix du temps.

    On retrouve ce phénomène avec les voitures custom de type rat-road ( voiture rat, dirions nous ), remontées avec des plaques de tôles qui ont passé 50 ans à rouiller. inimitable. Et fort cher.

    Ou la noblesse du vécu

    Une large portion d’amateurs de vintage cherche l’authenticité, l’aspect du vécu, une histoire autant qu’un objet. Le moindre polissage, la plus petite intervention est à leurs yeux un crime. Un montre militaire portée par un soldat, anoblie par l’usure, est pour eux un doux rêve. La patine est à ces passionnés ce qu’un certificat d’authenticité est au collectionneur de tableaux de maître.

    Crédit : Xupes

    Vous serez peut être choqué d’apprendre que restaurer une montre usée peut drastiquement faire baisser sa valeur. Je pense à l’exemple frappant d’un lecteur qui a découvert dans les affaires de son grand père une Blancpain Fifty Fathom originale dont le verre était rayé, le boîtier abîmé et le cadran délavé. En l’état cette pièce vaut entre 10 et 15000 euros alors que la moindre intervention, en dehors bien sûr des éventuelles réparations du mécanisme, aurait anéanti la valeur et surtout l’intérêt de cette montre originale. Un bon horloger saura réparer une montre au vécu marqué mais en sublimant la patine plutôt qu’en la remettant à neuf.

    Un univers d’amateurs avertis

    Comme je l’explique également dans l’article : Ma première montre de luxe ( lien ci dessous* ), il vaut mieux être armé d’un minimum de connaissances sur l’univers du vintage avant d’envisager un achat. Car on peut trouver le même modèle du simple au triple de sa véritable valeur financière, si tant est que quiconque la connaisse .

    Il n’y pas de côtes officielles à ma connaissance, il faut donc estimer soi même si une montre est trop chère. Pour ce faire, il faut se fier à certains facteurs déterminants :

    • La matière. Bien sûr l’or est plus cher que le métal. C’est parfaitement normal. L’écart est cependant moins important avec les montres vintages que celui qu’on trouve entre deux modèles contemporaine or ou acier identiques.
      • Les modèles plein or sont courants dans l’univers du vintage mais bien moins que les plaqué or ou ceux en acier. Il faut toujours observer le dos de la montre, s’il est en acier, la montre est plaqué or. S’il est en or, le dos le sera aussi et un poinçon sera présent.
    • La marque. Évidemment, les grandes maisons sont moins accessibles que les marques plus modestes mais une montre recherchée, même si le fabricant n’existe plus, peut être plus chère. L’exemple des Universal Genève et notamment de la Polerouter illustre bien ce propos.
      • Le retour en grâce. Breitling vient d’ailleurs de racheter / relancer Universal Genève disparue il y a 35 ans. Et ce n’est pas la seule marque qui renaît de ses cendres. Cuervo Y Sobrhrinos, Eska, Vulcain… Tous ces comebacks ont eu une influence sur les prix des modèles antérieurs à leurs disparitions.
    • L’etat esthétique. Voici encore un facteur piégeux puisque certains préfèrent leurs montres anciennes dans leur jus de trouvaille. Alors que d’autres recherchent la perfection. Mais si la montre ne fonctionne pas, le prix baisse.
    • Le mouvement. Imaginons un modèle vintage disponible avec deux mouvements. L’un étant assez répandu et l’autre étant un Zénith 135 ou un IWC 83. Le prix du second modèle exploserait littéralement. Ce sont effectivement deux calibres vintage de légende. Mais cela ne nuit pas à l’explication. Ce principe reste vrai aujourd’hui encore.
    • La rareté. Ou plutôt la demande. Il ne faut pas surestimer l’influence de la rareté sur la valeur d’une montre. Ou même sur celle d’une antiquité ou d’un bijou ancien. C’est la demande qui prime. Souvent les deux vont de pair, je vous l’accorde. Mais je possède une montre lingot des années 30 qui n’existe plus qu’en 30 exemplaires. Elle ne vaut que ce qu’un acheteur est prêt à m’en donner, car personne ne la recherche spécifiquement.

    Vous l’aurez compris, pas facile de savoir si une vintage est vendue à bon prix. sachez que généralement les vendeurs professionnels vendent un peu trop chers et que les particuliers sont plus proches d’un tarif réaliste, bien qu’ils ne vendent parfois pas assez cher. En revanche il ne faut pas acheter de vintages sur les plateformes comme Chrono24 sur lesquelles on croise des prix ahurissants. Le mieux est de poser la question à la communauté ou de faire des recherches.

    Le premier achat

    Deux solutions sécures s’offrent à vous, les magasins ou les sites spécialisés en ligne ou les groupes facebook dédiés. Ces derniers ne proposent pas forcément d’acheter mais je vous invite vivement à les consulter avant de vous décider. Le groupe Chineurs de montres m’a personnellement permis de parfaire ma culture vintage, de poser des questions et de rencontrer des passionnés qui m’aident à ne pas dire pas de bêtises.

    Les premiers prix démarrent dès 100, 150 euros pour une LIP par exemple. Certaines Omega se trouvent facilement autour de 400 à 600 euros. Beaucoup de modèles plus luxueux valent de 1000 à 2000 euros. J’ai découvert ce site, sérieux et éprouvé par mes soins : DuMarko. Que du beau.

    Vous êtes désormais armé pour entamer vos recherches et dénicher votre première pépite.

    340 euros pour du pur vintage russe

    A lire en complément

  • Double face, une vie avec la Chopard LUC XPS

    Double face, une vie avec la Chopard LUC XPS

    De prime abord la Chopard LUC que vous allez découvrir aujourd’hui est simple, classique, épurée. Elle est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît car elle combine deux caractéristiques que l’on croise rarement ensemble : un modèle deux aiguilles et un calibre micro rotor. Autrement dit, un mouvement haut de gamme sans petite ni grande seconde. Intriguant.

    J’ai eu le temps de bien apprécier cette LUC, je la porte depuis longtemps. Effectivement, la montre du jour n’est pas un exemplaire de test mais une pièce de famille. C’est d’ailleurs le cas pour la majorité des montres testées sur ce site. Elles sont portées et elles vivent. Ce qui apporte davantage d’objectivité à nos tests publiés seulement au terme d’une longue période d’observation. Nous pouvons ainsi proposer des revues plus complètes, plus riches et plus indépendantes.

    Cette Chopard est portée depuis une paire d’années. Deux ans sur un poignet, c’est suffisant pour faire le point.

    La Chopard LUC XPS micro-rotor

    À peine plus épaisse qu’une pièce de deux euros, elle ne se contente pas d’être belle. Son mouvement est excellent. C’est d’ailleurs ce calibre particulier qui m’a attiré en premier lieu, j’ai trouvé le contraste entre la complexité du micro rotor et la simplicité du modèle deux aiguilles peu communne. Les micro rotor sont d’ailleurs la spécialité de la marque.

    À sa naissance, la maison Chopard était une horlogerie, ce n’est que plus tard que le département joaillerie fut créé. 164 ans d’expérience dans ces deux domaines ont permis à cette marque renommée de proposer des créations esthétiquement irréprochables. Il fallait bien ce degré de compétence pour conjuguer beauté, luxe et simplicité. C’est là tout l’esprit de cette LUC dont la pureté dissimule de véritables qualités horlogères.

    Un cadran bleu tout en nuances

    Son cadran bleu profond au polissage subtil, ses deux aiguilles art déco et ses index dorés lui confèrent une élégance sans ostentation. C’est un garde-temps polyvalent qui se porte au quotidien comme à une soirée distinguée, avec un t-shirt blanc ou un complet sombre.

    Les chiffres sont apposés dans une typographie contemporaine dont la proportion légèrement surproportionnée souligne la modernité. Le mariage du bleu et du doré est comme toujours réussi, difficile d’ailleurs de rater ce genre de duo. Les index et le cadran sont dénués de chemin de fer afin d’alléger le design et le diamètre de 40 mm permet un dégagement assez conséquent pour offrir une parfaite lisibilité, même en condition obscure.

    Enfin, il faut parler de ce bleu. Intense et soutenu, royal mais naturel, qui joue ici le premier rôle. C’est un bleu moyen mais assez profond, traversé par de subtiles lignes de polissage unidirectionnelles qui convergent vers Le centre. Le résultat est somptueux et dynamique.

    Le travail esthétique sur ce cadran est bigrement efficace et la glace saphir plate permet, nous l’avons vu, d’apprécier les lignes verticales fines du polissage qui courent à travers la lunette. Cette dernière est juste assez épaisse pour que l’on puisse apprécier les 40 millimètres du boitier à leur juste valeur. Il arrive effectivement qu’une lunette trop fine ou trop large fausse la perception qu’on a d’un boitier. Trop large, la montre paraitra plus petite et trop fine elle aura l’air d’être plus grande.

    Les aiguilles sont d’inspiration art déco ( entre le style dauphine et le glaive inversé ). Elles m’évoquent la silhouette d’un gratte ciel new yorkais des années folles mais cela reste très personnel. Enfin, les index sont très classiques, on remarquera cependant qu’ils respectent la dimension des chiffres, ce qui influe sur le design.

    En résumé, cette LUC est la démonstration ultime que l’on peut faire beaucoup avec peu. C’est simple mais somptueux, discret mais élégant.

    Le boîtier

    L’acier utilisé par la maison Chopard répond au doux nom de Lucent Steel. Littéralement acier clair. C’est un nom à la consonnance marketing évidente et je doute que le 316 L de cette LUC brille davantage que celui de Cartier. De l’acier, c’est de l’acier. Celui ci est en revanche recyclé par la marque qui ne se prive pas de communiquer sur cette caractéristique. C’est la mode..

    Le boîtier est entièrement poli à l’exception des flancs brossés horizontalement, ce qui souligne encore la finesse de la montre. Les cornes sont très classiques et l’espace entre elles est de 20 mm. Pas de système à changement rapide ici mais franchement il serait criminel d’ôter ce bracelet qui complète le cadran dans un camaïeu aussi beau que classique.

    Le fond de boîte est serti de l’inévitable glace saphir qui offre une vue dégagée sur le mouvement si bien décoré.

    Double identité

    Tout comme le calibre manufacture micro rotor détonne avec la version deux aiguilles, l’esprit  » Denim  » du bracelet cache lui aussi bien son jeu. Il s’agit en effet d’un cuir de crocodile recouvert d’un tissu technique. C’est une très belle réalisation artisanale qu’un maroquinier serait fier de présenter à son catalogue. Les coutures ton sur ton sont quasiment invisibles ce qui renforce l’illusion d’un bracelet en tissu plein. On ne croirait pas qu’une peau se cache sous ce tissu. Le bleu nuit et le blanc tacheté alternent et donnent l’impression visuelle de texture que confirme la sensation au toucher.

    Cette jolie pièce est montée d’origine mais Chopard fournit un bracelet de courtoisie en alligator marron, plus classique.

    La boucle ardillon signée est de belle facture et finit bien l’ensemble.

    Tissu technique sur crocodile

    Le calibre LUC 9653 L à double barillet

    L’atout majeur des mouvements à micro rotor, c’est la finesse. La petite taille de leur masse oscillante permet de s’affranchir de l’épaisseur habituellement utilisée par un composant qui représente jusqu’à 30 % de la surface totale du calibre. Cette dimension modeste offre la possibilité de l’inclure « dans » le mouvement plutôt qu’au dessus.

    Calibre L.U.C 96.53-L, double barillet coaxial, 60 h, 3.30 mm , boitier 7.20 mm, développé en interne.

    Les autres caractéristiques du 9653 sont intéressantes. Son double barillet lui permet d’atteindre les 60 h théoriques de réserve de marche sans que le calibre dépasse les 3.30 mm d’épaisseur. Les deux barillets sont coaxiaux, ce qui contribue au gain de place ( leurs spires intérieures sont toutes deux attachées au même axe, d’où le terme employé ).

    Les mouvements Chopard sont dits  » manufacture ». Ce terme est hélas souvent galvaudé dans l’industrie horlogère. Certaines marques se contentent de retravailler un mouvement et affiche la mention « calibre manufacturé ». Alors qu’ici il s’agit bien d’un mouvement développé en interne par Chopard. Je n’entrerai pas dans le débat de la définition de ce terme mais le fondateur de la marque s’est engagé à développer entièrement ses calibres, il y a déjà bien des années :

    Entièrement conçu, réalisé et assemblé dans les ateliers haute horlogerie de Chopard et certifié chronomètre par le COSC, le mouvement mécanique à remontage automatique L.U.C 96.53-L est basé sur le premier calibre développé par Chopard Manufacture en 1996. Il bat à une fréquence de 28’800 alternances par heure (4 Hz) et dispose d’une réserve de marche de 65 heures grâce à la technologie Chopard Twin, système inventé par la Maison et associant deux barillets coaxiaux. Ce dispositif représente une prouesse technique remarquable compte tenu de l’extrême finesse du mouvement qui ne mesure que 3,3 mm d’épaisseur.

    Un modèle d’une grande finesse

    7,20 mm pour une montre à remontage automatique, c’est une belle performance. Cette finesse apporte de l’élégance et de la discrétion. La montre glisse facilement sous la manche et se laisse gentiment apercevoir, dévoilant son cadran bleu profond. Le réglage de l’isochronie est effectué sur cinq positions. Ce qui signifie comme son nom l’indique que l’horloger à réglé la montre à plat, à 90 degré etc… La précision s’en trouve ainsi améliorée.

    21 rubis protègent le calibre des frottements et de l’usure et allongent la durée de vie du garde temps. La garantie de deux ans extensible s’apprécie néanmoins. La LUC est une montre pour la vie, c’est le minimum syndical dans cette gamme de prix.

    Pour finir, il faut parler de la décoration du 9653. Finement sculpté, on pourrait croire que ce mouvement est manuel tant l’absence de l’habituelle masse oscillante trouble la perception. Mais on découvre vite le minuscule rotor, lui aussi richement paré de motifs soleillés.

    Source Watchbase caliber

    Verdict

    Si l’on apprécie les montres habillées suffisamment discrètes pour être portées au quotidien, sans avoir à se soucier du style vestimentaire, on ne peut qu’aimer cette LUC. Elle s’adaptera aux circonstances, on la remarquera sans qu’elle suscite trop de convoitise et les amateurs de belle horlogerie n’y trouveront rien à redire. Dans sa version bleue, car elle existe en blanc, elle saura vous plaire de longues années durant et son style contemporain lui garantira un beau voyage générationnel.

    À ce propos, s’il faut noter que la partie horlogère est exempte de toute panne, retard ou autre disfonctionnement, le bracelet commence à souffrir. Le tissu technique apposé sur la peausserie se détache peu à peu. Dommage pour une montre à ce tarif.

    Vous aurez compris que cette LUC est la montre de la dualité. Micro rotor, modèle deux aiguilles, tissu technique qui est en fait basé sur une peau de croco et double barillet. Même l’apparente simplicité du design dissimule une recherche intense et un véritable travail sur les proportions et dimensions.

    Cette montre est magnifique.

    Galerie

  • Louis Erard, test de la Metropolis The Horophile

    Louis Erard, test de la Metropolis The Horophile

    Pour cette revue qui fait partie des toutes premières du site, j’ai choisi une montre en fonction de son esthétique, de son originalité et de son charme : une Louis Erard. Si cette marque est relativement confidentielle, elle est tout de même connue et reconnue par les amateurs et bénéficie d’un réseau de distribution national à l’image de sa renommée française : modeste mais efficace.

    L’histoire de la maison

    La production des premières Louis Erard aurait débuté autour de 1930 mais j’avoue que je n’ai pas trouvé de belles vintages pour illustrer mon propos. Je sais cependant que cette marque est spécialisée dans les régulateurs et les cadrans Émail Grand Feux ( poudre de verre fondue sur base en métal avec ou sans inserts ). Elle s’est également essayée à la marqueterie ainsi qu’ aux chronographes mono poussoir et même aux cadrans asymétriques. Avec bon goût d’ailleurs. Enfin, la maison est friande des métiers d’art et des collaborations avec l’inévitable Seconde Seconde par exemple.

    Email grand feux

    La The horophile 39 mm est un exemple pertinent puisque elle a été désignée avec le site : The horophile, spécialisé dans les revues de montres de caractère. La Métropolis n’en manque justement pas.

    C’est un modèle trois aiguilles, petite seconde, plein de charme. Son cadran au guilloché circulaire évoque les disques vinyle, sa couleur tabac / cuivre, sa taille contenue et ses aiguilles dîtes tower dont on croirait qu’elles profilent un buildings new-yorkais, rappellent les ambiances feutrées des fumoirs. Le tout est furieusement art-deco et s’assume fièrement en tant que garde-temps néo vintage.

    Le cadran, l’âme de la montre

    Le thème de ce cadran, c’est le cercle. Les index sont insérés entre deux disques au centre desquels se répètent des sillons décroissants. Cette juxtaposition hypnotique dirige le regard au centre du cadran, vers les aiguilles dorées.

    La forme longiligne de ces dernières contraste avec la rondeur générale de la Metropolis mais cette discordance est bienvenue. Enfin, le cercle réservé à la petite seconde achève de décliner le cercle sous toutes les formes qu’on peut trouver sur un garde temps.

    Les index, quant à eux, sont naturellement remplacés par les chiffres dont la calligraphie ajoute une ultime note art déco.

    montage photo , reflet d’un bâtiment art deco

    Des anses courbées pour le boîtier

    Assez peu répandues, les anses courbées permettent de combler l’espace naturel entre le début du bracelet et les bords du boîtier. Cette  » figure de style  » permet d’éviter que les cercles concentriques du cadran jurent avec l’extrémité droite d’un bracelet standard. En tout cas, c’est mon opinion.

    Enfin, les angles des cornes viennent se heurter à la rondeur du boîtier dans un joli contraste :

    Anses courbées originales

    Neo deco

    De 1920 à 2020, la Metropolis est un pont entre deux époques que cent ans séparent. L’absence de logo en dehors de la couronne signée renforce, selon la maison Louis Erard, l’esprit néo déco. Personnellement, je vois un cadran épuré dont les cercles captent la lumière d’une belle façon, construit sur les bases d’un modèle assez répandu chez LE . Notre modèle Excellence est également issu de cette famille de boîtiers mais en 42 mm :

    Version sectorisée 42 mm, bracelet custom comme toujours

    Quatre couleurs

    Lors de l’acquisition de notre exemplaire seules trois couleurs étaient disponibles. Saumon, tabac et gris cendré. Le choix fut difficile. Une quatrième couleur est sortie plus tard : vert moyen. Un petit peu plus difficile à porter à mon sens.

    Création et collaboration

    Chez Louis Erard l’esprit d’indépendance n’exclut pas les talents extérieurs. La collaboration avec des designers et des métiers d’art a donné naissance à de magnifiques résultats. On trouve au catalogue un très beau cadran marqueté, un autre réalisé avec une artiste qui allie avec classe le noir et les tons pastels ( inspiré par une palette de maquillage ), des guillochés mains, des pierres fines, des gravures… Sans parler de la série asymétrique aussi impertinente qu’élégante.

    Les régulateurs

    C’est la spécialité de la maison, indéniablement. Pour rappel, un régulateur est une complication qui sépare les heures des minutes et des secondes dans deux ou trois sous cadrans ( la trotteuse peut être centrale ).

    Je trouve les régulateurs très lisibles et propices à beaucoup de créativité. Parfois combinés à un chronographe mono poussoir, ils offrent beaucoup de possibilités d’agencements sur le cadran. La version fantôme, ci dessous en haut à gauche, est fabuleuse. Mais j’ignore parfaitement comment lire l’heure ( minute au centre, heure en haut, seconde en bas ).

    Au quotidien

    Avant de conclure, j’aimerais parler du cœur de cette Louis Erard. Classique mais efficace le mouvement automatique Sellita fonctionne jusqu’à 38 heures d’affilée sans remontage. On trouve habituellement cette version SW261-1 sur des modèles manuels petite seconde comme le souligne Caliber Corner. Cette version automatique est donc peu commune.

    Le fond saphir permet d’admirer la machinerie mais j’aurais préféré un fond fermé, plus en accord avec l’esprit de la montre à mon sens. Avec la gravure d’un cigare fumant dur un cendrier par exemple.

    La lisibilité nocturne de cette LE est correcte mais sans luminova, c’est forcément moins efficace. Les aiguilles sont assez brillantes et larges pour lire l’heure dans la pénombre mais on est loin de la montre outil. Il est vrai que c’est une montre de ville et que l’ajout de matière phosphorescente aurait nui au design des aiguilles. L’intérêt qu’on porte à ce garde-temps est ailleurs de toute façon.

    Après plusieurs mois, vous apprécierez toujours votre Metropolis The Horophile. Elle a une façon inimitable de prendre la lumière grâce à ses cercles concentriques, et ce sous tous les éclairages.

    C’est un garde-temps avec une belle personnalité qui plaira aux collectionneurs comme aux amateurs de montres habillées mais polyvalentes. Nous avons changé le bracelet pour une version suédée couleur épice qui se marie très bien avec les ton tabac du cadran. À noter qu’une version spécial Dubaî vient de sortir.

    Spécificités

    • Taille du boitier : 39 mm
    • Épaisseur : environ 12 mm
    • Référence : 34248AA66.BVA151
    • Fond saphir
    • Mouvement : Selitta SW 261-1
    • Fonctions : Heures Minutes Petites secondes
    • Réserve de marche : 38h
    • Etanche : 50 m
    • Entrecorne : 20 mm

    Je vous encourage à visiter le site de la marque et vous précise qu’on trouve des Louis Erard chez Ocarat ( O’Chrono ), c’est d’ailleurs de là que vient notre Metropolis.

  • Les montres de bijoutier pour lui

    Les montres de bijoutier pour lui

    Horlogerie et bijouterie sont des domaines connexes. Mais cette symbiose n’est pas exclusive aux montres pour femmes. Les modèles iconiques masculins et unisexes proposés ci-dessous vont vous permettre d’explorer un univers horloger dans lequel la forme est parfois, et je dis bien parfois, plus importante que la fonction.

    Les marques bijoutières qui se sont essayées à l’exercice de l’horlogerie ont plus souvent fait carton plein avec leurs designs que grâce à leurs complications. Boucheron, Bvulgari et Chaumet utilisent des mouvements de manufacturiers et assurent les finitions. Alors que Chopard et Cartier ont développé leurs calibres. Les exemples ne s’arrêtent pas là mais nous ne parlerons aujourd’hui que des créations que nous avons portées et éprouvées, comme à notre habitude ( à l’exception des Hermes ).

    Cartier ou l’art du renouveau

    C’est une marque magique qui maîtrise l’exercice le plus difficile : la réinvention des formes. Le rectangle, le tonneau, le carré, le rond, l’ovale et sûrement d’autres que j’omets ont été autant de thèmes déclinés au fil des collections. Presque toutes les tentatives ont été fructueuses, avec un bémol pour la cuvée 2023 de la Tank française qui dans sa version tout acier n’est pas aussi réussie qu’à l’accoutumée. Ce n’est que mon avis mais la Tortue ou la Santos sont magnifiques aussi bien dans leurs versions originales que contemporaines. Je gage qu’elles le seront toujours :

    Tortue des années 70
    source Esquire , Tortue version 2024

    Cartier l’horloger

    Les mouvements Cartier sont propres à la marque et ce depuis le tout début du vingtième siècle. Chaque mouvement est nommé d’après les dates qui jalonnent l’histoire de la marque. 1847, naissance de la maison ou 1904, production de la première montre bracelet. On ne saurait dénigrer la qualité des calibres Cartier car la fiabilité ne prime jamais sur la prouesse, le bon doit s’intégrer au beau. Et l’innovation est parfois la meilleure arme dans ce combat. Le dernier mouvement en date est celui de la bien nommée Calibre. Le 1904 MC de 2010, MC pour Mega Complication. Il a permis de compiler un chronographe et un calendrier perpétuel avec un tourbillon volant.

    En parcourant la liste des complications telles que les gyro tourbillons ( qui porte le nom de double tourbillon mystérieux chez Cartier ) ou en observant le squelettage typique de la Santos éponyme, on pressent que ces exercices horlogers sont avant tout au service d’une esthétique impérieuse. Ce qui n’empêche pas d’admirer le travail accompli, bien au contraire. Oui, l’esthétique prime sur la performance horlogère mais pas à n’importe quel prix. Si on ne trouve pas de mouvement Cartier certifié Cosc, on pâlit devant  » les heures mystérieuses « , véritable figure de style soulignant le caractère immatériel du temps.

    Les heures mystérieuses. Un système de disque transparent ?
    Squelettage d’art

    Au fil des décennies les designs Cartier semblent avoir peu évolué mais à chaque itération les modèles iconiques se fondent dans les modes successives, sans rien perdre de leur identité. La Santos a toujours conservé sa lunette vissée tout comme la Ronde est fidèle depuis sa création à son classicisme atemporel. La maison sait aussi faire montre d’une belle maîtrise artisanale comme avec cette somptueuse Santos squelette :

    Le rôle prépondérant du quartz chez les horlogers bijoutiers

    Du point de vue d’un créateur de bijoux horloger, la facilité d’entretien et d’intégration font loi. Le quartz est par exemple très répandu chez Boucheron, Cartier et Chaumet pour ces deux raisons. Aussi bien chez les messieurs que chez les dames. La qualité du mouvement Quartz et l’innovation technologique ont, de plus, permis d’améliorer largement son autonomie. Une pile peut durer six ans grâce à l’optimisation du rendement énergétique. Mais c’est surtout la finesse et la petitesse des mouvements quartz qui expliquent sa place prépondérante. Chez Boucheron, le quartz est présent dans la plupart des modèles Reflet, excepté pour les modèles hommes taille large qui fonctionnent grâce à un mouvement automatique.

    SANTOS DUMONT Quartz

    Le quartz, si l’on suit les deux préceptes cités plus haut, est donc souvent conjugué au féminin en horlogerie bijouterie. Ces dames apprécient généralement la finesse autant que la facilité d’entretien. Finalement, quoi de plus logique que d’utiliser une pierre naturelle en joaillerie ? Cependant, le quartz ne permet pas tout, notamment à cause de la pile. On ne peut pas modifier sa forme comme on le fait avec un mouvement mécanique manuel, qu’on peut par exemple réduire à sa plus simple expression :

    Mouvement baguette Corum

    Vous trouverez ici la liste des mouvements Cartier, Ca vaut la peine d’y jeter un oeil.

    Chopard, l’art horloger

    On ne peut pas évoquer les bijoutiers horlogers sans parler de la magnifique maison Chopard. On lui doit l’usage original et particulier des diamants de la série Happy Sport, hélas majoritairement féminine. Sur ces modèles les pierres précieuses sont libres. elles bougent au gré de la gravité et des mouvements du porteur. Insérés entre deux verres saphir, quatre diamants glissent élégamment. Une idée simple et audacieuse qui ne choque pas sur un homme dans son format 36 mm :

    Chaumet et son impertinente Dandy

    Qui ne connait pas la Dandy ? Cette création porte d’ailleurs bien son nom. Élégante, avant-gardiste et subtilement impertinente, elle ose casser les codes de la symétrie. Les cadrans de ce modèle iconique sont effectivement traversés par une ligne qui court tout au long de la montre et finit sur le bracelet. L’asymétrie de la Dandy se conjugue donc au delà du boîtier, tant dans ses versions acier que cuir. 36 ou 40 mm, acier ou cuir, déclinée dans de nombreuses formes comme cette somptueuse Arty. Cette Chaumet séduit le monde depuis 2003 et restera dans les annales, j’en suis certain.

    Crédit : Montres de luxe
    Une ligne qui reprend le motif du cadran jusqu’au bracelet

    Boucheron et son Reflet

    Encore une fois, on remarquera que les bijoutiers savent habiller le simple et le rendre élégant. Le plus souvent grâce à un beau travail sur les boîtiers, d’ailleurs souvent rectangulaires. La montre ronde n’est pas toujours la norme, les formes longues évoquent davantage l’élégance, semblent nous dire les créateurs. Une autre caractéristique de cette Reflet : elle se porte sans boucle ardillon.

    La Reflet, or et acier
    Pas de boucle, une très belle idée qui permet de surcroit un changement de bracelet rapide.

    Décidément, le mouvement Art Déco nous aura offert un bon nombre des plus belles créations. La Reflet en est un bel exemple. Simple, racée, ses lignes godronnées sont exquises à mes yeux. Parfaitement unisexe, elle embellira les poignets de tous. Même si son design classique est un peu moins polyvalent que celui des modèles ci dessus.

    Seul le modèle large de la gamme est automatique mais c’est un détail. Quant au bracelet sans boucle, il est résolument moderne.

    Hermes

    En ce qui me concerne, la maison Hermès a créé la plus belle montre squelette. Et elle l’a fait dans un format réduit, ce qui est assez rare pour être signalé. Le verre semi teinté, le travail somptueux du mouvement, les index en italique et le boitier asymétrique sont autant de réussites sur cette superbe pièce. C’est hélas la seule de cet article que nous n’avons jamais portée, ni même vue physiquement.

    Très littérale, cette Heure H se décline en 25 et 34 mm, pour elle et lui. Une belle revisite thématique du boitier Tank et un beau travail sur la calligraphie comme à l’habitude chez Hermès.

    Bucherer et sa masse périphérique

    Une maison récemment rachetée par Rolex qui possède un très beau magasin à Paris. Du bijou aux vitrines horlogères, Bucherer propose de magnifiques créations. Je pense notamment à leur chronographe bi-compax grande date et à ses cadran fumés. Ainsi qu’à leurs modèles dotés d’une masse périphérique.

    Crédit Bucherer
    Crédit Bucherer, masse périphérique

    Bvlgari

    Depuis 1884, cette marque italienne crée des bijoux, des montres et des accessoires, à l’instar de Cartier. Leur expérience dans l’horlogerie est assez conséquente pour que L’Octo ait détenu le record de la montre la plus fine du monde pendant un moment.

    Crédit : Bvlgari
    Crédit : Bvlgari

    En conclusion

    J’aimerais dire que la montre est le bijou de l’homme, avec bien sur la chevalière et la gourmette. Mais bien souvent c’est le seul accessoire masculin. Les bijoutiers l’ont bien compris et si cette liste n’est pas exhaustive c’est parce qu’elle n’est constituée que des modèles que nous avons portés. Si seulement elle était plus longue…

  • La black Bay 54 37 mm, retour royal

    La black Bay 54 37 mm, retour royal

    Lorsqu’on en vient à évoquer les familles royales, le mot révolution est proscrit. C’est pourtant la maison Tudor qui a dérogé la première puisqu’on avait pas vu de 37 mm depuis des lustres. La tendance depuis de longues années est aux grands diamètres tant et si bien que les nouveaux amateurs ont parfois du mal à porter petit.

    Il faut remonter à la série des Prince pour retrouver un diamètre avoisinant les 37 mm. En effet, les Black Bay qui régnaient sans partage à la cour des Tudor oscillaient plutôt entre 39 et 43 mm.

    L’apparition d’une 37 mm apostillée Black Bay fut donc un grand petit choc. Après la Glamour double date 42 mm ou la BB Bronze 39 mm, il n’aura pas fallu longtemps pour que nous soyons séduits par un nouveau boîtier, même réduit de presque 20 %. Pourquoi ? Car le véritable attrait de cette BB54 se trouve ailleurs que dans ses dimensions.

    Avant d’appréhender les détails originaux de ce modèle, écartons d’emblée la fausse idée que l’on se fait des tailles contenues. Non, elles ne sont pas spécifiquement féminines. Nous l’avons suffisamment répété dans nos autres articles. Alors, où est la nouveauté dans le cas présent, si ce n’est ni la taille, ni le public auquel la montre est destinée ?

    Au porté

    Bracelet en caoutchouc et pieces de bout

    Mon humble avis est le suivant, l’atout principal de cette BB54, ce sont les pièces de bout associées au bracelet noir. Ce duo d’accessoires permet de renouveler et de mettre en valeur le boîtier sous de nouveaux atours et surtout dans une « nouvelle » forme. Les Black Bay sont traditionnellement rondes. Mais habillées des pièces de bout fournies avec la version caoutchouc du bracelet, l’impression finale est toute autre. Le boîtier se voit couronné d’un volume supplémentaire qui le modifie littéralement.

    L’espace latéral entre les cornes, habituellement vide, est entièrement comblé par les pièces de bout. La rondeur reste au cœur de la perception visuelle mais elle est enrichie par le surplus de matière. D’un boîtier rond et cornu on passe à un rond en costume, pour poursuivre l’analogique vestimentaire.

    De même, cet espace qui sépare le début du bracelet de la fin du boîtier est, de fait, également obturé. Et ça change vraiment tout.

    La version tout acier, complètement différente ?

    Vous constaterez ci dessous que les mêmes pièces de bout serties sur le bracelet acier donnent une impression bien différente. C’est bien sûr dû à la matière commune aux pièces de bout et au bracelet qui supprime tout contraste entre les deux. Or, le contraste est à la base de la perception des formes. Cette dernière a beau être strictement identique au cahier des charges habituel de la BB54, le bracelet noir rehausse les lignes de l’acier. Les proportions habituelles ne changent pourtant pas :

    Le boîtier est épais de 11.2 mm, l’entrecorne mesure 20 mm. La glace est en saphir, on retrouve la rose Tudor à 12h sur la lunette, tous les codes de la maison sont présents. Tout a pourtant changé.

    Le même modèle version acier
    Voyez comme la forme change d’aspect

    Costume trois pièces

    La piece de bout est à la montre ce que le gilet est au costume. Dispensable mais indispensable, c’est ce que je peux écrire de plus simple et qui pourrait convaincre les marques à utiliser davantage cet accessoire. Et à instiller dans l’esprit des manufacturiers que la montre est un objet qu’on habille avec plus de variété qu’on l’imagine. Je vous renvoie d’ailleurs à notre article sur la personnalisation.

    La grande sœur, la BB41

    Tudor, Serica, Longines sont les trois maisons qui me viennent à l’esprit et qui utilisent ces accessoires. La version 2024 de la BB41 mm offre elle aussi un bracelet T-Fit noir en tout point identique, également orné de pièces de bout dans une dimension plus importante. Dommage d’ailleurs qu’il ne soit pas compatible avec les versions antérieures de ce modèle ( vous ne pourrez l’installer que sur la Ref. M7941A1A0RU-0001 ).

    Image Tudor

    La BB54 au quotidien

    Comme vous le savez peut être déjà, on ne parle que de ce qu’on porte au quotidien sur Twistheure. Cette montre est à mon poignet depuis seulement six mois, c’est bien assez pour déterminer les points essentiels :

    • lisibilité
    • style
    • praticité

    C’est un tiercé gagnant. C’est loin d’être le cas de toutes les montres qui peuvent parfois être magnifiques mais illisibles, comme la Vulcain Cricket que nous testerons bientôt et qui est impraticable la nuit venue. La BB54 ne possède pas ce défaut grâce à ses larges aiguilles et ses index ronds, recouverts de luminova.

    L’invariable style Tudor de plongeuse habillée se retrouve malgré la taille. C’est un peu comme les Porsche 911.. Toujours pareil mais toujours différent. Une version rouge aurait d’ailleurs été appréciée, à l’instar de la 41 mm. Quant à l’aspect pratique, il mérite qu’on s’y attarde :

    On apprécie le T-FIT

    Il permet un réglage fin bien plus facile que le système habituel des pompes. Ici, il suffit de relever la partie dédiée et de la faire glisser jusqu’à la longueur désirée. Puis de replier. Aucun outil n’est nécessaire. En combinant ce système avec l’ajout ou le retrait de maillons, il est impossible de ne pas trouver l’ajustement parfait.

    Au programme, on trouve toujours :

    • l’étanchéité à 200 mètres ce qui est remarquable pour un garde temps de cette dimension.
    • la lunette tournante 120 positions
    • l’excellent MT5400, calibre manufacture d’une précision impressionnante ( moins de 3 secondes par jour sur toutes les Tudor testées dotées de ce mouvement : BB 41 , Glamour Double Date ).
    • la réserve de marche de 70h
    • le remontage par balancier bidirectionnel

    Conclusion

    Tudor a beau être apparentée à Rolex, ces deux maisons sont indépendantes dans leurs approches du design. Et malgré une forte identité et des éléments caractéristiques communs, on ne se passe pas des Black Bay lorsqu’on est collectionneur. Cette 37 mm ne fait pas exception, même si on aurait aimé plus d’itérations. On aurait également adoré la certification Metas puisque la sortie de ce modèle est concomitante avec celle de la nouvelle Black Bay 41 mm 2024, dotée de cette spécificité.

    Il n’en reste pas moins que ce garde temps est un bouffée de fraicheur et probablement une des nouveautés les plus notables depuis longtemps. La preuve en est qu’il y a longtemps eu une liste d’attente ( d’un an en magasin ). Je ne connais pas les délais de livraison sur le site officiel mais j’imagine que c’est aussi le cas. C’est un signe révélateur de succès.

  • Coup d’oeil sur la Serica Parade

    Coup d’oeil sur la Serica Parade

    La nouvelle création de Serica, nous étions prévenus, est d’un tout autre genre que les précédents modèles du catalogue. Un pas a été franchi vers une collection plus polyvalente. Effectivement, les autres références du catalogue comme les 6190, 5303 et 8315 ne sont pas spécifiquement des montres de ville alors que la Parade ( ou 1174 ) affiche clairement sa volonté de plaire et son désir d’élégance, via un véritable parti pris esthétique : sa forme.

    Chanceux que nous sommes, nous avons pu voir les modèles prototypes, proches de la préproduction. Et la première chose remarquable, c’est l’ovalité du boîtier de type baignoire. C’est toujours agréable de quitter les rondeurs qui représentent 90 % de la production de montres. Encore plus lorsque cette forme est une des moins répandues. Ce boîtier est original et détonne joliment dans la production actuelle.

    Le bon rapport

    La lunette de la Parade est assez large et c’est un point important car son épaisseur a un impact direct sur la perception que l’on a des dimensions d’une montre.

    Une lunette franche

    Le nombre 1174 n’a pas été choisi au hasard, il représente un rapport mathématique relatif aux dimensions du boîtier. On imagine aisément les heures de travail pour aboutir à un résultat jugé optimal par l’équipe de création. Faire simple c’est compliqué.

    Les dimensions précises : 35 mm de largeur par 41 mm de longueur et 8.3 mm d’épaisseur. Parfaites pour une montre habillée puisque dans cette gamme on évite généralement les tailles trop imposantes. Élégance rime avec contenance et subtilité.

    La couronne est d’ailleurs assez discrète, enchâssée entre les demi ronds de flan qui cassent subtilement la symétrie générale :

    Le dos, nu mais brossé

    Enfin, on remarque que le bracelet est fixé par des cornes invisibles afin de préserver la pureté de la forme géométrique, j’imagine.

    Toujours le mouvement M100 Soprod

    Ce dernier est certifié Cosc, c’est à dire que sa précision garantie oscille entre – 4 / + 4 sec par jour. On retrouve ce Soprod M100 sur la 5303 par exemple. La finition est la meilleure proposée par le manufacturier, elle répond au doux nom technique de R4 et le réglage est effectué sur 5 positions. Ce que l’on peut proposer de mieux à ma connaissance.

    Photo : Caliber corner

    Ce type de boîtier est le plus souvent doté d’un mouvement mécanique manuel. Ce n’est pas le cas ici et c’est appréciable. La réserve de marche suffît à passer le weekend si besoin. Soprod est une maison qui fournit d’excellents mouvements comme le C125 utilisé chez Chronoswiss, ou le PO24.

    Deux aiguilles galbées

    J’ai toujours eu un amour particulier pour les modelés deux aiguilles, comme vous l’avez peut être lu sur notre article dédié à la magnifique Chopard LUC XPS. Le duo des minutes et des heures dégage à mes yeux une pureté que ne possèdent pas les trois aiguilles. C’est une belle et bonne Idée pour un beau résultat car j’imagine qu’une trotteuse sur une montre ovale peut poser quelques problèmes de longueur.

    La forme des aiguilles évoque elle aussi la rondeur. Si cette montre était une peinture, elle serait une Rubens.

    Deux variations de cadran

    Noir satin et laiton, ce sont les deux coloris proposés et ils sont radicalement différents. Si l’on omet la discrétion commune des index, malgré tout bien lisibles, on apprécie dans les deux cas le soleillage très original du cadran. Je ne me rappelle pas en avoir vu de semblable.

    Les rayons excentriques légèrement sinusoïdaux s’échappent joliment vers les bords du cadran. Leur fuite se termine juste avant les index laissant un espace qui induit naturellement l’idée d’un chemin de fer. C’est très subtil, très réussi.

    Je n’ai pas eu l’occasion d’observer la version noire de près mais l’effet est certainement identique, quoique logiquement plus discret. L’environnement lumineux doit probablement influer de belle façon et éclaircir le cadran foncé, mettant encore en valeur le travail sur ce dernier.

    Avis subjectif

    Les points forts de la Parade sont bien sûr sa forme, son guillochage original et hypnotique ainsi que sa lunette dont l’épaisseur vient contraster avec toutes ces subtilités esthétiques. Le tout est harmonieux, élégant mais polyvalent. Je serais curieux de voir cette montre sur un beau bracelet milanais, je pense que cela lui irait bien.

    Quant au rapport qualité-prix de cette 1174 il est tout aussi bon que celui des autres modèles du catalogue. Un bon calibre, une belle montre française pour un prix qui situe ce modèle dans la gamme des montres de luxe.

    En complément de cette mini revue, vous trouverez ici le test de la 5303 que nous avons portée un an.

    Galerie

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