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  • Le Pierce 861, un mouvement à glissières

    Le Pierce 861, un mouvement à glissières

    Peu connu du grand public et parfois même des spécialistes, le mouvement à glissière ne fonctionne pas comme les autres. Certes, il repose sur le principe du remontage mécanique basé sur la récupération de l’énergie engendrée par les mouvements de l’utilisateur. Mais la solution retenue par son inventeur est assez différente du système de la masse oscillante. Le terme « masse oscillante » est pourtant tout à fait indiqué pour désigner le Pierce 861.

    Ce n’est d’ailleurs pas le seul mouvement qui a opté pour une autre solution. La crise permanente engendrée par la surproduction des montres-bracelets a grandement favorisé l’innovation horlogère. L’histoire n’a cependant pas tout retenu.

    Avant de vous dévoiler le fonctionnement de ce calibre méconnu, il faut comprendre pourquoi c’est le système de la masse circulaire qui est le plus efficace et qui fut conservé par l’industrie.

    La contrainte de l’angle limité

    Une masse oscillante fonctionne toujours à 360 degrés. Qu’elle tourne via un axe central ou via un système périphérique comme c’est le cas de certaines Bucherer et Perrelet, la masse est libre de faire plusieurs tours sans rencontrer d’obstacle à sa course. De plus, si le système est bidirectionnel et remonte le ressort dans les deux sens, ce qui n’est pas le cas sur tous les mouvements, l’efficacité est doublée. C’est là tout le génie de ce processus mécanique.

    Le mouvement à glissières comme ceux que vous découvrirez juste après, fonctionne sur une plage limitée puisqu’elle n’est pas circulaire. La masse est entraînée par les mouvements du poignet mais seulement sur un axe linéaire, ce qui implique un début et une fin de course. Le dégagement est limité et le mouvement ne peut récupérer l’énergie que dans un sens. Le porteur doit effectuer un mouvement opposé afin d’engendrer à nouveau de l’énergie. A moins qu’un ressort ne l’aide dans sa course retour. Ce qui est le cas ici.

    Le Pierce 861, dépôt de brevet dans les années 1930/40.

    C’est Leon Levy qui a imaginé le mouvement à glissières. Il était employé chez Pierce, une marque suisse née en 1858. La meilleure période de cette maison se situe dans le premier tiers du 20e siècle. On peut dire qu’elle avait à cœur d’imaginer ses propres solutions plutôt que de copier le reste de l’industrie. Malgré cela la crise du quartz fit une victime de plus dans les années 70, dont la société Pierce.

    Mouvement pierce 861 ouvert

    Le fonctionnement du 861

    Si vous observez schémas et photos, vous apercevez un espace en forme de croissant entre le corps de la grosse pièce qui ressemble à une masse oscillante et les bords internes du boîtier. C’est en se déplaçant sur l’axe des deux glissières que l’énergie est transmise au ressort via la pièce linéaire dentée (la crémaillère).

    Une efficacité relative

    Une course si petite ne permet pas à la masse oscillante assez de mouvements. Il faudrait la secouer en permanence pour remonter efficacement le ressort et même ainsi l’efficacité serait moindre. On parle alors d’un mauvais rendement.

    Mouvement très rare Pierce 861 à glissières
    La course et les glissières

    Chapeau bas

    Une campagne de publicité bien pensée mettait en scène un homme chapeauté qui se découvrait dans un large geste. La publicité expliquait probablement que ce mouvement permettait ainsi à la montre de se remonter. Je n’ai jamais vue cette publicité qui concernerait la marque Harwood, j’en ai simplement entendu parler, il semble cependant qu’elle ait réellement existé. Gemini, le grand gourou du savoir humain m’a confirmé son existence. Mais c’est Nicolas M qui m’en a parlé d’abord. D’ici à imaginer que Gemini s’informe chez Nicolas, il n’y a qu’un pas.

    Video du mouvement et du coulissement

    Le mouvement pendulaire

    Voici un autre exemple de mouvement automatique à glissement limité. Il est plus efficace que le Pierce 861 puisque la course est plus longue, quoique toujours limitée. C’est un calibre Buren, dit « pendulaire ».

    Mouvement Buren pendulaire côté fond ouvert
    Credit : Forumamontre

    Le mouvement à bumper Omega

    Encore un peu plus efficace, le mouvement à bumper est également pendulaire mais sa course est quasiment circulaire à 360 degrés. Le bruit de ce calibre est caractéristique et évoque un peu celui des flippers de notre jeunesse. On trouve parfois des ressorts pour amortir le choc de la masse qui vient claquer contre la butée.

    Mouvement oméga à bumper côté fond ouvert
    Credit Brussel Vintage

    Et le gagnant est …

    Ces trois calibres sont une alternative à la masse circulaire habituelle. On ne les trouve plus dans la production horlogère moderne car leurs performances ne le justifient pas.

    En revanche les micro rotors et les masses périphériques sont des alternatives élégantes et efficaces. Mention très bien pour Perrelet et Bucherer car les masses périphériques permettent de laisser apparentes ces dernières côté cadran ou côté fond.

    Montre Perrelet avec une masse périphérique côté cadran
    Credit : Perrelet

    Archives

  • Mon premier achat vintage

    Mon premier achat vintage

    J’ai remarqué que bien des amateurs de montres en viennent à s’intéresser aux montres d’antan. C’est d’ailleurs un peu vrai pour tout ce qui a trait à l’artisanat. Tendance et nostalgie sont le Nord et le Sud dans le monde du bel ouvrage. La première s’inspirant de la seconde, c’est assez logique. Il en va de même chez les passionnés : les amateurs de belles montres contemporaines suivent souvent le même chemin et remontent le temps.

    Pourquoi le choix du vintage ?

    Rolex, Omega, Piaget… toutes les grandes maisons ont hérité de centaines d’années d’expérience horlogère. Les calibres manufacture en sont la preuve ultime. Une marque moderne n’aurait aucun intérêt à réinventer la roue et ferait une grave erreur en proposant un mouvement créé à 100% en interne. Il faudrait un temps fou, des sommes colossales et le bénéfice serait nul. En un mot, on ne réinvente pas la roue. Il y a cependant eu de gros progrès technologiques depuis lors, notamment au niveau des matières employées.

    L’attrait du vintage réside précisément dans l’appréciation de l’histoire des grandes maisons à laquelle on accède via l’acquisition d’un modèle iconique, voire historique. Tout ça pour dire que peu importe l’époque, dans les grandes maisons l’excellence est présente dès les modèles originels. Les montres contemporaines sont magnifiques et sont l’évolution naturelle des modèles d’antan, mâtinés de progrès technologiques et de variations esthétiques. Pourtant, le neo vintage comme on l’appelle pompeusement ressemble fort à un aveu d’impuissance créative tant les codes d’antan étaient justes. Rassurez-vous, certains garde temps modernes sont sublimes. Mais ils gardent précieusement en eux l’héritage du passé.

    L’autre facteur qui porte le choix des mostrophiles vers les modèles historiques, c’est l’esthétique particulière, caractéristique et originale des montres des années 20, 50, 60 et 70. Les tarifs abordables sont un autre argument, même si on trouve des montres de cinquante ans hors de prix.

    Une offre pléthorique

    Si vous envisagez de vous lancer dans l’aventure, vous devrez être armé de solides connaissances afin d’éviter de payer trop cher. Ou d’espérer dénicher la perle dont le vendeur ignore tout. Avant tout, il faut choisir votre camp. Préférez-vous les montres restaurées à l’origine ou celles qui expriment leur vécu, leur histoire ?

    Cadran restauré ( suppression du label SWISS MADE, reprise du logo )

    L’état presque parfait : NOS

    Si vous vous demandez à partir de quand on considère qu’une montre est vintage, sachez qu’elle doit être âgée d’au minimum 20 à 25 ans d’âge pour recevoir cette noble mention. Ce qui nous amène au début du 20e siècle. Voici justement une Omega De Ville tonneau des années 90 acquise par la rédaction, un exemple parfait pour illustrer les plus jeunes vintages.

    Il s’agit d’une pièce en excellent état, jamais portée. On peut la qualifier d’état de NOS puisqu’elle n’a quitté les vitrines d’Omega que pour atterrir dans un tiroir et ne plus jamais en sortir. ( NOS : New old stock ).

    Méfiance cependant si vous achetez une NOS directement sans qu’elle soit passée par la case révision. Surtout pour les plus anciennes dont les huiles sont naturelles et ont tendance à sécher. Ne jamais la porter directement, toujours la confier à un horloger. Sinon c’est la panne assurée. Cela n’a pas raté avec ce modèle qui dérive de trente secondes / jour et dont la date passe à 5h au lieu de minuit.

    Un autre exemple, j’ai croisé une IWC NOS. Arborant toujours l’étiquette d’époque, jamais portée. Le temps et probablement les UV ont offert à son cadran une couleur verte très pâle, subtile mais magnifique. Ce modèle relativement simple a vu sa côte grimper grâce à cette particularité. Hélas, je n’ai pas d’image de cette pépite croisée à l’Atelier du Temps. Mais vous l’aurez compris : certaines particularités que seule une très longue période de temps peut causer suffisent à augmenter la valeur nominale d’une montre vintage. C’est le prix du temps.

    On retrouve ce phénomène avec les voitures custom de type rat-road ( voiture rat, dirions nous ), remontées avec des plaques de tôles qui ont passé 50 ans à rouiller. inimitable. Et fort cher.

    Ou la noblesse du vécu

    Une large portion d’amateurs de vintage cherche l’authenticité, l’aspect du vécu, une histoire autant qu’un objet. Le moindre polissage, la plus petite intervention est à leurs yeux un crime. Un montre militaire portée par un soldat, anoblie par l’usure, est pour eux un doux rêve. La patine est à ces passionnés ce qu’un certificat d’authenticité est au collectionneur de tableaux de maître.

    Crédit : Xupes

    Vous serez peut être choqué d’apprendre que restaurer une montre usée peut drastiquement faire baisser sa valeur. Je pense à l’exemple frappant d’un lecteur qui a découvert dans les affaires de son grand père une Blancpain Fifty Fathom originale dont le verre était rayé, le boîtier abîmé et le cadran délavé. En l’état cette pièce vaut entre 10 et 15000 euros alors que la moindre intervention, en dehors bien sûr des éventuelles réparations du mécanisme, aurait anéanti la valeur et surtout l’intérêt de cette montre originale. Un bon horloger saura réparer une montre au vécu marqué mais en sublimant la patine plutôt qu’en la remettant à neuf.

    Un univers d’amateurs avertis

    Comme je l’explique également dans l’article : Ma première montre de luxe ( lien ci dessous* ), il vaut mieux être armé d’un minimum de connaissances sur l’univers du vintage avant d’envisager un achat. Car on peut trouver le même modèle du simple au triple de sa véritable valeur financière, si tant est que quiconque la connaisse .

    Il n’y pas de côtes officielles à ma connaissance, il faut donc estimer soi même si une montre est trop chère. Pour ce faire, il faut se fier à certains facteurs déterminants :

    • La matière. Bien sûr l’or est plus cher que le métal. C’est parfaitement normal. L’écart est cependant moins important avec les montres vintages que celui qu’on trouve entre deux modèles contemporaine or ou acier identiques.
      • Les modèles plein or sont courants dans l’univers du vintage mais bien moins que les plaqué or ou ceux en acier. Il faut toujours observer le dos de la montre, s’il est en acier, la montre est plaqué or. S’il est en or, le dos le sera aussi et un poinçon sera présent.
    • La marque. Évidemment, les grandes maisons sont moins accessibles que les marques plus modestes mais une montre recherchée, même si le fabricant n’existe plus, peut être plus chère. L’exemple des Universal Genève et notamment de la Polerouter illustre bien ce propos.
      • Le retour en grâce. Breitling vient d’ailleurs de racheter / relancer Universal Genève disparue il y a 35 ans. Et ce n’est pas la seule marque qui renaît de ses cendres. Cuervo Y Sobrhrinos, Eska, Vulcain… Tous ces comebacks ont eu une influence sur les prix des modèles antérieurs à leurs disparitions.
    • L’etat esthétique. Voici encore un facteur piégeux puisque certains préfèrent leurs montres anciennes dans leur jus de trouvaille. Alors que d’autres recherchent la perfection. Mais si la montre ne fonctionne pas, le prix baisse.
    • Le mouvement. Imaginons un modèle vintage disponible avec deux mouvements. L’un étant assez répandu et l’autre étant un Zénith 135 ou un IWC 83. Le prix du second modèle exploserait littéralement. Ce sont effectivement deux calibres vintage de légende. Mais cela ne nuit pas à l’explication. Ce principe reste vrai aujourd’hui encore.
    • La rareté. Ou plutôt la demande. Il ne faut pas surestimer l’influence de la rareté sur la valeur d’une montre. Ou même sur celle d’une antiquité ou d’un bijou ancien. C’est la demande qui prime. Souvent les deux vont de pair, je vous l’accorde. Mais je possède une montre lingot des années 30 qui n’existe plus qu’en 30 exemplaires. Elle ne vaut que ce qu’un acheteur est prêt à m’en donner, car personne ne la recherche spécifiquement.

    Vous l’aurez compris, pas facile de savoir si une vintage est vendue à bon prix. sachez que généralement les vendeurs professionnels vendent un peu trop chers et que les particuliers sont plus proches d’un tarif réaliste, bien qu’ils ne vendent parfois pas assez cher. En revanche il ne faut pas acheter de vintages sur les plateformes comme Chrono24 sur lesquelles on croise des prix ahurissants. Le mieux est de poser la question à la communauté ou de faire des recherches.

    Le premier achat

    Deux solutions sécures s’offrent à vous, les magasins ou les sites spécialisés en ligne ou les groupes facebook dédiés. Ces derniers ne proposent pas forcément d’acheter mais je vous invite vivement à les consulter avant de vous décider. Le groupe Chineurs de montres m’a personnellement permis de parfaire ma culture vintage, de poser des questions et de rencontrer des passionnés qui m’aident à ne pas dire pas de bêtises.

    Les premiers prix démarrent dès 100, 150 euros pour une LIP par exemple. Certaines Omega se trouvent facilement autour de 400 à 600 euros. Beaucoup de modèles plus luxueux valent de 1000 à 2000 euros. J’ai découvert ce site, sérieux et éprouvé par mes soins : DuMarko. Que du beau.

    Vous êtes désormais armé pour entamer vos recherches et dénicher votre première pépite.

    340 euros pour du pur vintage russe

    A lire en complément

  • Ma montre m’habille

    Ma montre m’habille

    La montre est le bijou de l’homme. Souvent le seul qu’il porte d’ailleurs. C’est tout aussi vrai pour ces dames mais en matière d’accessoires elles ont davantage de possibilités. Et s’il est vrai que la montre habille l’homme, l’homme peut aussi habiller la montre. Ce n’est pas difficile et nous ne prétendons pas le faire mieux que les autres, il est plutôt question ici de faire le tour des ensembles les plus marquants.

    Car au fil du temps certains looks se sont démarqués et sont devenus des classiques, en quelque sorte. Cet article n’a pour simple but que de les reproduire, afin de vous inspirer. Et si besoin, d’apprendre à éviter les fautes de goûts ( Rolex et survêtement par exemple ).

    À noter que plusieurs des montres sont pourvues de bracelets confectionnés sur mesure et parfois même en partie fabriqués par votre serviteur. Dans tous les cas les designs sont personnalisés. Voici quelques belles combinaisons.

    La plongeuse chic et le blouson en cuir

    Incarnation de la polyvalence, la Tudor Black bay se porte avec tout. Mais c’est le casual chic qui correspond le mieux à cette plongeuse des grands soirs. Une Black Bay, 41 mm par exemple, s’assortit très bien avec un blouson en cuir de type motard à col rond. La cerise sur le gâteau : une BB rouge et un cuir noir ou une noire et une peau couleur cognac. Indiscutable.

    Ici la dernière BB54 37 mm
    Sa grande sœur, la 41 mm
    Ca fonctionne également avec un beau chrono, ici une Breitling

    Le cadran bleu et la chemise à bandes bleues

    En matière de rappel chromatique, subtilité rime avec efficacité. L’idéal étant de marier les couleurs du cadran avec celles des bandes ou des rayures. Mais si vous pouvez assortir le grain du bracelet avec la matière de la chemise, c’est une touche d’élégance supplémentaire. Ici, une chemise en lin / elasthane et un tissu technique sur crocodile, agrémentés d’un cadran bleu profond. Remarquable.

    Une Flagship Longines sur tissu technique Avel and Men, en voile de bateau recyclée
    Ici, une Chopard LUX XPS en tissu technique sur alligator et une chemise Majestic Filature en lin elasthane

    Le pull rose et la montre pistache

    Tag Heuer Carrera verte, bracelet argent,  sur pull rose

    Que voilà une belle combinaison, un beau duo de couleur même. Choisissez une rose léger et un vert intense, ou l’inverse. Ma préférence va pour le haut rose et la montre verte mais cette paire fonctionne dans les deux sens. Un cadran rose et un pull vert par exemple. Des index dorés sont ici de très bon goût également. Inimitable.

    Noir mais blanc

    Si vous êtes l’heureux propriétaire d’une montre fantôme et d’un beau complet noir, n’hésitez pas à les coupler. Mais pour souligner l’un comme l’autre, une chemise claire viendra césurer l’ensemble de la plus belle des manières. Imparable.

    Le style vintage

    Une veste en daim néo vintage, style années 70 et une Zenith à peu près de la même époque, ça ne peut que fonctionner. Si le boitier est de forme, l’effet s’en trouve renforcé. Atemporel.

    La montre nue et les bracelets

    Je ne me permettrai pas de juger mais je croise souvent de beaux garde temps affublés de breloques ou de gourmettes en grand nombre. On peut vite tomber dans l’excès et j’ai personnellement l’impression que l’ensemble se dévalorise mutuellement. J’ai pourtant succombé à la tentation en essayant cependant de rester sobre. J’ai choisi une montre et un bracelet qui vont bien ensemble grâce à leurs designs baroques et leur matériau commun. Est-ce aussi beau que la montre ou le bracelet seuls ? Question de goût.

    Cuervo Historiador et bracelet Rochet

    Le style baroudeur

    Un chrono vintage, une parka, un vieux jean… Et une belle montre. Plongeuse, chrono ou bien militaire, le look est immédiatement cohérent.

    Le style driver

    Encore une fois, ces idées ne sont présentées qu’à titre indicatif. Un article plus poussé sur la personnalisation des montres est disponible ici.

    GALERIE

  • Cuervo Y Sobrinos, le Cartier cubain ?

    Cuervo Y Sobrinos, le Cartier cubain ?

    Voici une marque que je connais bien. C’est d’ailleurs grâce au modele Historiador que je suis revenu dans l’univers des montres automatiques après quelques années d’infidélité. Pour la petite histoire, je cherchais une Rado Golden Horse mais en voyant le cadran rouge fumé et les cornes godron de cette cubaine, j’ai craqué. C’était ma première belle montre depuis la Cartier Tank de mes 18 ans, une quartz. C’est peut-être la raison pour laquelle j’associe ces deux marques anciennes et historiques.

    Cuervo est née en 1882, comme une simple bijouterie de La Havane qui a plus tard débuté la vente de montres. Elle fut reprise comme bon nombre de marques horlogères mais par le gouvernement cubain, qui la nationalisa suite à la révolution. Selon les propres dires de la maison, ce fût une période de déclin durant laquelle la production de montres militaires était l’activité principale. De 1965 à 1996 la marque redressa cependant la barre jusqu’à quasiment cesser son activité, hélas.

    2002, la renaissance Suisse

    La seconde naissance de Cuervo vit son héritage cubain placé au centre de sa politique esthétique, malgré une fabrication désormais Suisse. La valse des reprises, recréations, réinterprétations qui fait danser la majorité des marques débuta juste après, avec l’idée de conserver le style insulaire originel. Le mouvement CYS 4008 par exemple est un Landeron 248 restauré qui équipe ce modèle :

    L’histoire du Chrono Landeron CYS ici

    Forte de son expérience de bijoutier autant que de son esprit baroque et tropical, les clins d’œil de la maison Cuervo à l’histoire de l’île sont nombreux. Des cadrans aux couleurs caribéennes et aux noms exotiques évoquant la piraterie jusqu’à la forme godronnée des cornes, tous les modèles racontent l’histoire de Cuba.

    Un boîtier au style prononcé se décline justement sur pratiquement tout le catalogue. L’Historiador, L’Historiador Tradicion et la Flameante le reprennent dans des proportions légèrement différentes.

    Un des rares mouvements manuel de la marque, la Flameante

    Le modèle Flameante mérite qu’on s’y attarde. Tout d’abord c’est à ma connaissance le seul qui se remonte manuellement. C’est surtout celui qui propose le plus beau cadran, à mon goût. Guilloché en spirales complexes, il capte immédiatement l’attention. Le sous-cadran des petites secondes dénué de finitions n’en ressort que plus distinctement.

    La maison propose aussi des boitiers lingot et depuis peu des modèles féminins. Une de leurs dernières créations est fort jolie, il s’agit de La Robusto sans souci . Les Winston Churchill sont très belles également mais assez imposantes ( 43 mm ).

    Le style CYS est très reconnaissable, voici la majorité de leur catalogue en images :

    Les mouvements

    Cuervo travaille avec Sellita. Ce n’est ni assumé, ni dissimulé par la maison. Les dénominations des mouvements ressemblent à des références aux initiales de la marque ( CYS5159 par exemple ). Ce qui correspond à un SW 261. Les finitions sont propriétaires mais j’ignore si elles sont effectuées en interne. J’ignore également le grade utilisé, élaboré ou chrono probablement. Pour rappel, le grade correspond aux performances et au nombre de positions de réglages. En deux mots, à la précision. Nous ferons une revue d’un modèle CYS, probablement de la Flameante.

    Une marque connue et reconnue

    La maison CYS est historique, diffusée dans plusieurs pays et elle propose une très belle gamme ainsi que certains modèles exceptionnels, or et acier. De plus, on trouve des Cuervo vintage facilement. Tous ces critères en font pour moi une marque haut de gamme à part entière. Dommage que les mouvements propriétaires ne soient pas au cœur de leur politique. Mais Cuervo est loin d’être la seule à emboiter des montres. Au moins, cela favorise le rapport qualité prix global. Il n’en reste pas moins que c’est une belle maison avec une histoire riche. Il n’est pas exclu que nous fassions une revue sur la Flameante, une pièce au stylle néo baroque contemporain.

    En conclusion, je dirai que cette maison est trop peu connue par chez nous. La faute à une distribution nationale famélique. Si on se base sur le nombre d’annonces sur Crono24 pour déterminer la popularité d’une marque, Cuervo est très connue. J’en déduis que certains pays sont plus sensibles au design latin que d’autres.

    Cuervo en France

    Un documentaire sur la maison Cuervo
  • Un gadget qui sauve : le démagnétiseur

    Un gadget qui sauve : le démagnétiseur

    Votre montre avance soudainement ? Le stress de la panne monte ? Rassurez vous, avant d’emmener votre précieuse chez l’horloger, il reste un point à vérifier. À l’époque des téléphones portables, du wifi et autres enceintes nomades, votre garde temps a peut-être attrapé le rhume de la montre, il a été magnétisé.

    Le vaccin

    Les montres contemporaines sont très souvent protégées contre les champs magnétiques, jusqu’à un certain point en tout cas. Les Omega et plus récemment les Tudor sont certifiées METAS. Elles résistent largement aux agressions magnétiques quotidiennes. D’autres marques utilisent des matériaux non ferreux ( Pequignet par exemple ) ce qui les protège également. Certains modèles vintages sont protégés mais plus dans l’esprit de la cage de Faraday, les matériaux non ferreux étant plus rares à l’époque ( je crois ). Bref, certaines tocantes sont vaccinées.

    Comment savoir si ma montre est malade ?

    La majorité des modèles de montre reste vulnérable aux champs magnétiques. Pour savoir si la vôtre est atteinte du mal en question, rien de plus simple. Une bonne vieille boussole des familles émettra le diagnostic. Passez votre montre devant l’aiguille et observez bien, si cette dernière bouge légèrement à l’approche de votre montre, c’est qu’elle est magnétisée. Quant aux symptômes ce sont toujours les mêmes : la perte de précision. Retard ou avance sont possibles. Cette astuce ne fonctionne pas avec la fausse boussole d’un smartphone, au contraire elle aggravera le mal.

    Pas d’antibiotiques, un démagnétiseur.

    C’est un gadget que l’on peut se procurer facilement, les horlogers en possèdent tous un, j’imagine. Peu onéreux, on le trouve sur Amazon pour quelques dizaines d’euros. Il suffit de le brancher sur le secteur, de poser votre montre dessus quelques secondes et le tour est joué.

    Si la panne persiste après le traitement, il faut vous diriger vers un horloger. Mais si vous refaites le test de la boussole et que l’aiguille reste immobile, tout va mieux. À l’avenir tenez votre montre éloignée de tout objet électronique ou électrique. Là où il y a du courant, il y a potentiellement des champs électromagnétiques.

    Pourquoi les champs magnétiques altèrent-ils le fonctionnement des montres automatiques ?

    Le ressort spiral, petit frère du pendule des horloges, est au cœur de la montre. Tous deux ont la même fonction, ils régulent le mécanisme via leurs oscillations et ramènent le balancier à sa position de départ. Le spiral influe donc littéralement sur la précision. Or, il est très souvent en métal fin et délicat. Cette finesse le rend particulièrement sensible aux changements thermiques et magnétiques. La dilatation/ rétractation provoquée par l’amplitude thermique est néfaste tout comme les champs magnétiques aimantent le spiral et modifient ainsi la fréquence de son oscillation. La précision est altérée dans les deux cas. C’est pourquoi certaines montres modernes utilisent du Nivachron, un matériau moins sensible au magnétisme.

    Le ressort fait tourner la roue
  • Coup d’oeil sur la Serica Parade

    Coup d’oeil sur la Serica Parade

    La nouvelle création de Serica, nous étions prévenus, est d’un tout autre genre que les précédents modèles du catalogue. Un pas a été franchi vers une collection plus polyvalente. Effectivement, les autres références du catalogue comme les 6190, 5303 et 8315 ne sont pas spécifiquement des montres de ville alors que la Parade ( ou 1174 ) affiche clairement sa volonté de plaire et son désir d’élégance, via un véritable parti pris esthétique : sa forme.

    Chanceux que nous sommes, nous avons pu voir les modèles prototypes, proches de la préproduction. Et la première chose remarquable, c’est l’ovalité du boîtier de type baignoire. C’est toujours agréable de quitter les rondeurs qui représentent 90 % de la production de montres. Encore plus lorsque cette forme est une des moins répandues. Ce boîtier est original et détonne joliment dans la production actuelle.

    Le bon rapport

    La lunette de la Parade est assez large et c’est un point important car son épaisseur a un impact direct sur la perception que l’on a des dimensions d’une montre.

    Une lunette franche

    Le nombre 1174 n’a pas été choisi au hasard, il représente un rapport mathématique relatif aux dimensions du boîtier. On imagine aisément les heures de travail pour aboutir à un résultat jugé optimal par l’équipe de création. Faire simple c’est compliqué.

    Les dimensions précises : 35 mm de largeur par 41 mm de longueur et 8.3 mm d’épaisseur. Parfaites pour une montre habillée puisque dans cette gamme on évite généralement les tailles trop imposantes. Élégance rime avec contenance et subtilité.

    La couronne est d’ailleurs assez discrète, enchâssée entre les demi ronds de flan qui cassent subtilement la symétrie générale :

    Le dos, nu mais brossé

    Enfin, on remarque que le bracelet est fixé par des cornes invisibles afin de préserver la pureté de la forme géométrique, j’imagine.

    Toujours le mouvement M100 Soprod

    Ce dernier est certifié Cosc, c’est à dire que sa précision garantie oscille entre – 4 / + 4 sec par jour. On retrouve ce Soprod M100 sur la 5303 par exemple. La finition est la meilleure proposée par le manufacturier, elle répond au doux nom technique de R4 et le réglage est effectué sur 5 positions. Ce que l’on peut proposer de mieux à ma connaissance.

    Photo : Caliber corner

    Ce type de boîtier est le plus souvent doté d’un mouvement mécanique manuel. Ce n’est pas le cas ici et c’est appréciable. La réserve de marche suffît à passer le weekend si besoin. Soprod est une maison qui fournit d’excellents mouvements comme le C125 utilisé chez Chronoswiss, ou le PO24.

    Deux aiguilles galbées

    J’ai toujours eu un amour particulier pour les modelés deux aiguilles, comme vous l’avez peut être lu sur notre article dédié à la magnifique Chopard LUC XPS. Le duo des minutes et des heures dégage à mes yeux une pureté que ne possèdent pas les trois aiguilles. C’est une belle et bonne Idée pour un beau résultat car j’imagine qu’une trotteuse sur une montre ovale peut poser quelques problèmes de longueur.

    La forme des aiguilles évoque elle aussi la rondeur. Si cette montre était une peinture, elle serait une Rubens.

    Deux variations de cadran

    Noir satin et laiton, ce sont les deux coloris proposés et ils sont radicalement différents. Si l’on omet la discrétion commune des index, malgré tout bien lisibles, on apprécie dans les deux cas le soleillage très original du cadran. Je ne me rappelle pas en avoir vu de semblable.

    Les rayons excentriques légèrement sinusoïdaux s’échappent joliment vers les bords du cadran. Leur fuite se termine juste avant les index laissant un espace qui induit naturellement l’idée d’un chemin de fer. C’est très subtil, très réussi.

    Je n’ai pas eu l’occasion d’observer la version noire de près mais l’effet est certainement identique, quoique logiquement plus discret. L’environnement lumineux doit probablement influer de belle façon et éclaircir le cadran foncé, mettant encore en valeur le travail sur ce dernier.

    Avis subjectif

    Les points forts de la Parade sont bien sûr sa forme, son guillochage original et hypnotique ainsi que sa lunette dont l’épaisseur vient contraster avec toutes ces subtilités esthétiques. Le tout est harmonieux, élégant mais polyvalent. Je serais curieux de voir cette montre sur un beau bracelet milanais, je pense que cela lui irait bien.

    Quant au rapport qualité-prix de cette 1174 il est tout aussi bon que celui des autres modèles du catalogue. Un bon calibre, une belle montre française pour un prix qui situe ce modèle dans la gamme des montres de luxe.

    En complément de cette mini revue, vous trouverez ici le test de la 5303 que nous avons portée un an.

    Galerie

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